Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

NTM à Juan: La fièvre du Lunallena Festival

- J.-F. R. Renseignem­ents : lunellena-festival.com

Un « batbou blanc », Kool Shen et Joey Starr avec sa gueule de « métèque » martiniqua­is. De la bombe. Du soufre. Trente ans que NTM pousse le rap dans ses retranchem­ents suprême. Le 27 juillet, sur la scène du Lunallena Festival à Juan-les-Pins, le duo du « neuf-trois » repassera les plats de ces trois décennies de fureur. La sortie de l’album Suprême NTM anthologie avait, à l’automne, laissé espérer que les deux frères ennemis puissent se reformer. Un rêve de fan. Un graal qu’on croyait inaccessib­le.

Non grata sur la Côte

Preuve du contraire, NTM est bien back on stage .Et sur la Côte d’Azur, c’est une grande première. Longtemps NTM n’y eu pas droit de cité (interdit à Nice au début des années 1990), puis programmé au Nikaïa quinze ans plus tard, mais le mauvais soir. Pour des raisons que la musique ignore, Joey Starr fut ce soir-là retenu ailleurs... et le show fut annulé. Mais là, rien n’empêchera NTM de venir gronder sur la Côte. La tournée de leur grand retour a débuté sur trois soirs sold out à l’Accor Aréna. Puis sur une série de concerts aussi rares qu’intenses. Et enfin sur cette « exclu » dans le grand SudEst. Bruno Lopes et Didier Morville sont une machine à remonter le rap. L’aventure a débuté en 1980. Deux adolescent­s se croisent autour du hip-hop, ce tout nouveau son débarqué des U.S. Bruno débute en mode smurf et breakdance. Didier tâte du graf avant de découvrir que son « flow » est une arme musicale de destructio­n massive. MJC de Seine-Saint-Denis comme première scène. Radio Nova en 1989 qui les découvre, les révèle. Signature chez Sony dans la foulée. De la « bombe bébé ! » Leur rap sent le soufre. La bien pensance pousse des cris d’orfraie quand NTM aligne des titres comme Demain c’est loin, J’appuie sur la gâchette, Qu’est-ce qu’on attend. NTM c’est chaud et froid. Kool Shen suave, tout en rondeur et Joey « guttural’n rap ». Rage against toutes les autorités.

Rage de vivre

NTM rime avec rébellion. Rap des damnés de la terre. Verve des gens blessés. Contre le racisme mais loin du consensuel touche pas à mon pote. Provoc’, mais d’abord pourfendeu­r de tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à un abus de pouvoir. Rage de vivre. Le bolide, la benz NTM, ne peut à ce rythme-là qu’aller droit dans le mur. À brûler la vie par tous les bouts, l’implosion est fatale. Joey Starr et Kool Shen divorcent en 2001. La suite, on la lira plus souvent dans la rubrique faits divers de la presse populaire. Sortie de rail pour Joey. Mais aussi révélation­s ciné pour le bad boy du rap français. Si tu n’as pas vu Polisse de Maïwenn, cours y vite avant qu’il ne soit trop tard. Joey Starr y est toute simplement monumental ! Voila, toute l’histoire dont le recommence­ment est annoncé pour le 27 juillet sur la scène du Lunallena à Juan-les-Pins. En trente ans, sans perdre de leur rage, les NTM sont devenus des « classiques ». La seule différence avec tant d’autres, c’est que, fatalement, Kool Shen et Joey Starr ont forcé la porte du « panthéon ». Des mots, un flow comme un pied-de-biche. Leur show antibois est du coup un événement. NTM y jouera son set complet. Audelà de quatre-vingt-dix minutes et qui sait peut-être avec du temps additionne­l ; cela ne tiendra qu’à la ferveur du public. Et comme avant cet instant Suprême, le Lunallena a également programmé le rap nissart de Kaotik, Lucky Chops, la fanfare dingue révélée dans le métro de New York, et, last but not least, SOJA, le plus grand groupe ricain de reggae, la nuit sera longue, longue, longue.

 ?? (Photo AFP) ?? Trente ans de rage : NTM en exclu à Juan-les-Pins. Une longue nuit live avec Kaotik, Lucky Chops et le reggae de SOJA.
(Photo AFP) Trente ans de rage : NTM en exclu à Juan-les-Pins. Une longue nuit live avec Kaotik, Lucky Chops et le reggae de SOJA.

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