Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Mélissa Laveaux au Mas : le chant au parfum d’Haïti
Puget/Argens L’artiste canadienne, expatriée à Paris, évoque son troisième album, inspiré par ses racines familiales, avant son concert demain soir. Elle dévoilera une nouvelle formule scénique
La chanteuse aux 33 printemps a choisi l’été pour débarquer dans le Sud avec ses influences folk, soul et rock, sur la scène du festival varois. De retour d’une tournée outre-Atlantique, elle enchaîne sur un rythme effréné. « Heureuse de l’invitation », elle fait le point sur l’histoire profonde de son dernier opus, inspiré par la terre natale de ses parents : Haïti. Une plongée dans un univers émouvant et militant, mais plein de douceur.
Jouer dans le Var, pour vous, c’est une première ?
Oui. Je suis très contente ! C’est vrai qu’on a eu peu de jours pour se reposer de nos trois semaines de péripéties. Mais on se fait vraiment un plaisir de jouer dans le Sud. On va retrouver un peu de chaleur après avoir vécu à - degrés (rires).C’est le tout premier concert de la tournée d’été : on a hâte de dévoiler notre formule batterie, basse et guitare, plus compacte, plus brute. On est excité. On attend la vitalité du sud de la France, accueillante et pleine de chaleur humaine !
On imagine que cet album
majoritairement écrit en créole, est un clin d’oeil, un hommage à vos racines haïtiennes… Quelle est son histoire ?
Radyo Sywèl, Un hommage, pas forcément. Quand les gens chantent en français, ce n’est pas toujours pour rendre hommage à la France ... . Évidemment, je n’ai pas bossé sur cet album par hasard. À Paris, on m’a proposé de travailler sur un opus en hommage à Martha Jean-Claude, haïtienne des années cinquante, chanteuse et militante anticolonialisme. Je suis tombée sur l’histoire de chansons que je connaissais depuis toute jeune, qui racontent vraiment l’occupation militaire américaine à Haïti [-, N.D.L.R.] dont même mes parents ne m’avaient jamais parlé. Et notamment à travers une chanson de Martha Jean-Claude, Angélique O. C’est une femme qui a chanté toute sa vie de Cuba où elle s’est exilée. Je me suis dit qu’il fallait que je creuse cette histoire d’occupation. Je me suis intéressée aux chanteurs, compositeurs et interprètes, ainsi qu’à leur musique durant cette période. J’ai trouvé tout un répertoire de musique haïtienne traditionnelle qui date, soit de cette époque, soit d’avant, et que les gens utilisaient comme une sorte de langage codé pour exprimer leur mécontentement ou leur joie. J’ai trouvé ça très élégant, très sophistiqué comme langage. eE j’ai voulu l’explorer musicalement.
Vous vous êtes sentie concernée par cette partie de l’histoire d’Haïti ?
Plus touchée que concernée. J’ai été très émue et surprise de savoir qu’à travers différentes époques, Haïti a eu énormément de coup de génie. Après mon album, je me suis dit que ces chansons mériteraient de sortir. Puis il y a eu le décès de ma grand-mère, l’élection de Trump… Il y a eu plein d’événements dans le monde à ce moment, comme des signes pour me dire que c’était le bon moment pour sortir l’album.
Asie, Europe, Amérique du Nord et du Sud… Vous avez joué dans de nombreux de pays. Un concert qui vous a marqué ?
Beaucoup, évidemment. J’ai pleind e souvenirs, comme la première partie de Suzanne Vega dont je suis fan, dans les Pyrénées. La scène était sur l’eau ; on avait l’impression de flotter, c’était magique. Après, n’importe quel concert a cette capacité d’être touchant. Je pense que la magie peut être partout : il faut juste la trouver.
Tête d’affiche avec la chanteuse Hollie Cook, demain à 19 h 30 au Mas des Escaravatiers de Pugetsur-Argens. À partir de 28 euros. Renseignements www.lemas-concert.com