Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Loup y es-tu, entends-tu?

Le vidéaste azuréen Rémy Masséglia se lance dans un projet de longue haleine, visant à filmer le loup dans le Mercantour. Il espère que le résultat pourra servir d’« outil pédagogiqu­e »

- ALICE ROUSSELOT

Promenons-nous dans la Roya, pensant que le loup n’y est pas…», pourrait-on chanter innocemmen­t. Sauf que des loups, il y en a bel et bien sur le secteur. Et bien loin de vouloir en faire une psychose, le vidéaste de Breil-sur-Roya (06) Rémy Masséglia a souhaité mettre le canidé sous les projecteur­s. Sensible à tout ce qui a trait à la nature, le jeune homme se lance, en effet, dans un projet de deux ou trois ans, visant à proposer un «état des lieux artistique» de la présence du loup dans le Mercantour. «C’est un sujet très polémique, les positions sont très tranchées. Ceux qui n’ont pas d’avis sont rares», soulignet-il. Soucieux, à ce titre, de montrer à voir un «outil pédagogiqu­e» qui permettrai­t aux deux camps de prendre conscience de la position – et de la passion – de l’autre. En dehors de toute considérat­ion politique ou engagée.

Un loup venu renifler

Aussi a-t-il décidé de faire parler les défenseurs mais aussi les bergers. « Le rapport au pastoralis­me me paraît important. Ce sont eux qui vivent la proximité avec le loup au quotidien», note Rémy, indiquant qu’il compte suivre trois jeunes bergers, avec qui il était à l’école. Pour défricher le sujet, s’éloigner des rumeurs, « essayer de comprendre tous les enjeux», le Breillois a démarré son projet par une série d’interviews de spécialist­es – qui n’apparaîtro­nt pas à l’écran. « Il me faut apporter une caution scientifiq­ue. Mon film ne pourra être burlesque comme j’y suis habitué.» En parallèle, Rémy a commencé à poser quinze caméras en montagne, prêtées par un sponsor. «C’est un terrain sensible sur le sujet, mais aussi sur l’approche. Le loup est une espèce tellement craintive et intelligen­te que je dois être à 100 % respectueu­x pour avoir des images», reprend le vidéaste. Conscient que la complexité de son projet tient également au fait qu’il parte de 0. Mais comme pour le rassurer, le facteur chance s’est déjà manifesté. Lors de son premier test. «Je suis allé poser un piège photo avec ma fille de 14 mois, Naïs, dans le sac à dos. J’ai découvert que 40 minutes après notre passage, le loup était venu renifler l’endroit où je l’avais posée. Ça contredit toutes les vérités scientifiq­ues : il a été filmé à midi, et il ne fuyait pas l’homme… » Naïs l’accompagne­ra ainsi tout le long de l’aventure. Et pourrait même devenir le fil conducteur. «Quand elle voit des images de loup, ce n’est pas plus impression­nant qu’un chevreuil pour elle. Sa réaction le désacralis­e: elle remet le loup au niveau des autres animaux », remarque Rémy. Pour qui il est important de se démarquer d’un film sorti il y a deux ans sur le même thème, La Vallée des loups. « Son réalisateu­r a décidé de se faire accepter par une meute. Moi, j’aimerais offrir une sorte de médiation dans une vallée où le loup se trouve à proximité des habitation­s. Il n’y a pas franchemen­t de vérités. Pour le berger et ses bêtes comme pour le loup, il est question de survie.»

 ??  ??
 ?? (Photo Lez’art création) ?? Depuis le tout début, Rémy a intégré sa fille Naïs à l’aventure.
(Photo Lez’art création) Depuis le tout début, Rémy a intégré sa fille Naïs à l’aventure.
 ?? (Photo Thierry Barra) ?? Le credo ? Montrer des loups à l’état sauvage.
(Photo Thierry Barra) Le credo ? Montrer des loups à l’état sauvage.

Newspapers in French

Newspapers from France