Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Jusqu’au bout de la nuit

- VINCENT MENICHINI, À MOSCOU

C’est l’histoire d’une équipe, devenue au fil du temps une bande de potes, qui vient d’écrire l’une des plus belles fables de l’histoire du sport français. Il fallait voir le comporteme­nt des uns et des autres pour mesurer l’ampleur de l’exploit signé par les partenaire­s d’Hugo Lloris, qu’on a guetté au moment du coup de sifflet final. A genoux, les mains jointes, le capitaine niçois a enfin pu savourer cet instant de grâce, rapidement rejoint par Steve Mandanda, l’éternelle doublure, avec lequel il a tissé des liens forts et à qui il voue un profond respect. En l’espace de quelques secondes, la pelouse inondée du Loujniki est prise d’assaut par les Bleus qui n’en finissent plus de courir un peu partout. Lemar et Kimpembe se lancent dans un concours de ‘‘ventre il glisse’’ assez mythique. Ce n’est pas Aqualand, mais presque… Dans le sillage de Rami, surexcité et toujours prompt à peaufiner sa moustache porte-bonheur devant les supporters tricolores, certains improvisen­t un tour d’honneur, avant de se retirer devant les milliers de fans croates qui ont remporté la bataille des tribunes. Giroud, drapeau sur les épaules, les salue, s’excuse presque d’avoir volé leur rêve mais, eux, ne sont pas mauvais perdants et rendent hommage à l’équipe de France avec des applaudiss­ements nourris.

Mendy chante pour Poutine !

Après les honneurs et les photo-souvenirs avec la Coupe du monde et les enfants, c’est le début de la phase d’hystérie. Benjamin Mendy est en folie, incontrôla­ble même… Torse nu, le latéral se permet d’entonner une chanson en l’honneur de Vladimir Poutine qui esquisse un léger sourire. Il s’occupe ensuite du président Emmanuel Macron et l’invite à faire un ‘‘DAB’’, ce geste répandu chez les jeunes. Chaque joueur a une bière à son nom, le champagne coule à flots. Didier Deschamps, très ému, a des mots forts. « Vous êtes liés à jamais, votre vie ne sera plus jamais la même », lance le sélectionn­eur à ses joueurs. Ces derniers le rejoignent ensuite en conférence de presse et l’arrosent avec tout ce qu’il leur passe par la main. Les journalist­es prennent quelques éclaboussu­res mais c’est bon enfant. L’ambiance monte encore d’un cran dans le vestiaire, où se retrouvent Marcel Desailly, Lilian Thuram, Jean-Pierre Papin, Laurent Koscielny et Dimitri Payer. DJ Kimpembe a prévu la playlist. « We are the Champion », est balancé au bon moment, tout comme l’hymne officiel de l’équipe de France « Magic in the Air ». Matuidi fait parler ses talents de danseur, tout comme Pogba qui fait le show lors de son passage en zone mixte. Parmi les leaders de ce groupe, ‘‘La Pioche’’ claque la bise à quelques journalist­es, parle en espagnol et raconte souvent n’importe quoi. « On est devenu fous », résume Florian Thauvin. Rami reproche à un confrère de le « faire cocu » quand ce dernier interrompt leur discussion pour aller rejoindre Mbappé. A 19 ans, le phénomène vit tout ça avec beaucoup moins d’exubérance que certains. Un ovni dans la nuit… C’est l’heure de quitter le Loujniki, enfin. Il est minuit passé. Griezmann porte quelques bières en bandoulièr­e, Varane la Coupe du monde, comme un bébé. « Il faut prendre soin d’elle, la surveiller de près », glisse le défenseur madrilène qui a tout gagné, déjà, à 25 ans seulement. « Rafa, tu as terminé le jeu », balance Mendy, toujours torse nu, dans le bus qui ramène la délégation du côté d’Istra, où les Bleus avaient programmé de faire la fête, avec leurs proches. Loin des strass et des paillettes moscovites, ils sont accueillis par leurs familles et le personnel de l’hôtel Hilton qu’ils ont squatté durant cinq semaines. La fête peut se poursuivre juste après un magnifique feu d’artifice. Parmi les personnali­tés, on retrouve Nagui, ami de Deschamps, le boxeur Tony Yoka et l’acteur Malik Bentalha.

Pamela Anderson discrète

Regroupés sur l’estrade, plusieurs joueurs entament un karaoké et rendent hommage à Kanté, le chouchou du groupe, en revisitant les « ChampsÉlys­ées » de Joe Dassin. « N’Golo Kanté, il est petit, il est gentil, il a stoppé Léo Messi mais on sait tous que c’est un tricheur N’Golo Kanté, lalalalala… » Pavard, Mandanda et Umtiti ont également droit à leur chant, Pogba joue les rassembleu­rs et se pose comme le patron de cette équipe. Ses grands frères, des jumeaux, ne sont jamais loin pour entamer une ‘‘choré’’. Pamela Anderson, la compagne d’Adil Rami, est de la partie mais n’apparaît jamais sur les images. On ne touche pas aux icônes… Hugo Lloris prend la pose avec son petit frère Gautier, joueur à l’OGC Nice. Lucas Hernandez, qui ne tourne pas qu’à l’eau claire, se jette et s’accroche à un sapin. Or, dans celui-ci, il n’y a pas d’étoile. Il est autour de quatre heures du matin, le jour s’est levé, déjà, sur la campagne moscovite. Le moment choisi par la délégation pour se retirer pour une très courte nuit de sommeil. Les festivités peuvent reprendre.

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