Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des Clavésiens privés d’eau depuis quatre ans

Contraints de remplir des bidons depuis la coupure de leur canalisati­on, William et Marie-José vivent une situation insoutenab­le que personne ne semble pouvoir, ou vouloir, résoudre

- GIANNI ROCHE

La situation paraît inconcevab­le et relève d’une affaire « pagnolesqu­e » ! Comment peut-on, lors d’un conflit de voisinage dont les tenants et aboutissan­ts restent obscurs, demeurer privé d’eau au pays de Jean de Florette ? C’est pourtant ce que semblent subir William Mutti et Marie-José Lebare, installés dans le charmant village de Claviers depuis 2014. Selon leurs dires, un voisin a effectué des travaux de terrasseme­nt sur son terrain, au-dessus de leur conduite d’eau qui passait là, les privant du précieux liquide et de tout ce qui en découle. Une coupure du tuyau d’alimentati­on qui a vite entraîné l’assèchemen­t des relations entre les deux riverains et conduit à… l’enlisement du problème.

(Sur) Vivre sans eau

Depuis, deux à trois fois par semaine, les deux Clavésiens partent en voiture remplir leurs dixhuit bidons de vingt litres à la source d’eau du cimetière. « Parfois, pour éviter les histoires avec les passants, nous nous rendons à une autre source, plus éloignée», concède William en chargeant sa voiture. Une tâche difficile qui les contraint à faire attention à leur consommati­on d’eau, au détriment de leur hygiène et de celle de leurs sept chiens. «En hiver il m’arrive de ne pas me doucher pendant plusieurs jours », reconnaît avec gêne Marie-José. Les douches mais également les WC, la vaisselle, les lessives… Tout devient compliqué sans l’indispensa­ble liquide et la maisonnett­e est là pour en témoigner.

Des versions qui s’opposent

Épaisses fissures, volets cassés, murs troués, jardin où plantes mortes côtoient baignoire et lavevaisse­lle, devenues inutiles. Cette situation, invivable pour le couple, dure pourtant depuis quatre ans et semble, pour l’instant, sans fin. De son côté, le voisin, M. Klosterhal­fen, dont le terrain recouvre la canalisati­on de M. Mutti, avance une version tout à fait différente. Il revendique la propriété du tuyau et affirme ne pas connaître son homologue du bas de la colline et encore moins ses déboires. Il ajoute que les travaux effectués ne seraient en fait pas la source du problème. « J’ai réalisé une dalle. Et pour une dalle, on ne creuse pas », se défend l’homme.

Un maire au courant mais impuissant

Face à cette situation, William et Marie-José ont multiplié les demandes à l’aide. La gendarmeri­e refuse de prendre leur plainte, cette querelle de voisinage relevant du droit privé. Véolia est également incompéten­te sur l’affaire, la coupure intervenan­t après le compteur des victimes. En dernier recours, la préfecture et surtout la mairie de Claviers ont été alertées. Joint par téléphone, Gérald Pierrugues, maire de la petite commune, confirme être au courant de la situation. Il a même reçu M. Mutti à deux reprises, en octobre 2015 et mars 2016. «M. Klosterhal­fen refuse l’écoulement de la canalisati­on sur son terrain qui ne jouit pas d’une servitude de passage. Il est dans son droit. Je ne peux rien faire. », dit-il, l’air désolé. Reste alors une unique solution proposée par M. Pierrugues : tirer un nouveau tuyau sur les parties communales au frais de William et Marie-José. Une offre qu’ils souhaitera­ient accepter mais qui semble difficile à exécuter pour ce couple touchant le RSA ainsi qu’une aide alimentair­e. « Je suis conscient de la situation financière de M. Mutti mais je ne peux payer ces travaux. Si je le fais pour eux, je dois le faire pour tous les Clavésiens. Il y aura un problème d’équité. ». En attendant, sans eau depuis quatre ans, William Mutti et MarieJosé Lebare demeurent inégaux vis-à-vis du reste du village. Mais surtout privés d’eau. Et ça, c’est un peu la goutte qui fait déborder le vase…

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(Photos Dylan Meiffret) Les robinets de Marie-José et William sont là mais rien n’en sort depuis  ans.
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Le couple se rend deux à trois fois par semaine à la source du cimetière pour s’approvisio­nner en eau potable.
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La douche, devenue inutile, est condamnée.

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