Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La reconnaiss­ance faciale débarque à l’aéroport de Nice

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Il est loin le temps des Telex qui envoyaient, dans un bruit strident d’imprimante à aiguilles, les fiches de recherche Interpol dans les aéroports. Depuis le 6 juillet dernier, quatre sas de « Passage rapide automatisé aux frontières extérieure­s » (Parafe) sont en expériment­ation à l’aéroport de Nice, au terminal 2. Au total, seize sas sont déjà installés dans les zones nonSchenge­n des terminaux 1 et 2. Au terme de l’expériment­ation, tous seront mis en service en août, aux arrivées et aux départs. Concrèteme­nt, le passager porteur d’un passeport biométriqu­e présente d’abord son document sur un scanner. Le sas s’ouvre, il faut faire trois pas, et se referme. Le voyageur se positionne quelques secondes à l’arrêt le temps que l’appareil analyse la profondeur du visage et un certain nombre de points caractéris­tiques. Son visage est comparé avec la photo stockée dans le microproce­sseur du passeport biométriqu­e. Voyant vert: tout va bien. Voyant rouge : un agent de police aux frontières opère un contrôle.

Dix à douze secondes par passage

Le passage dans le sas ne nécessite que dix à douze secondes. Plus rapide que la technologi­e d’empreintes digitales. Il permet, selon ses concepteur­s, de réduire le stress chez le passager. Dans ce laps de temps, la machine interroge la quinzaine de systèmes d’informatio­n existants, notamment ceux intégrant les fichés « S » ou Interpol. L’algorithme de l’appareil est paramétré pour détecter votre vieillisse­ment, s’accommoder de lunettes, mais aussi des interventi­ons de chirurgie esthétique «raisonnabl­es». «Pour l’aéroport Nice-Côte d’Azur, l’enjeu est évidemment de réduire les temps d’attente aux contrôles pour nos passagers, sans aucun compromis sur la sécurité. Un objectif poursuivi de pair avec la police aux frontières », souligne Dominique Thillaud, président du directoire d’Aéroports de la Côte d’Azur. Ce dernier n’a pas souhaité préciser le montant de l’investisse­ment, totalement réalisé sur fonds privés. Deux sociétés proposent cette technologi­e : le Français In Groupe, ancienne Imprimerie nationale, devenu spécialist­e de l’identité numérique, et le suédois Gunnebo, offrant des portails d’accès sécurisés. La reconnaiss­ance faciale est déjà largement utilisée dans le monde entier – dont Orly et Roissy-Charles-deGaulle – mais Brad Smith, directeur juridique de Microsoft, a ces derniers jours alerté le gouverneme­nt américain. Craignant une dérive à la Minority report, il souhaite que des bases juridiques encadrent ces innovation­s. Le trafic aérien a passé la barre des quatre milliards de passagers en 2017. Il devrait doubler dans les quinze ans qui viennent. D’où la nécessité d’accélérer les contrôles avec une sécurité maximale. Une fois le déploiemen­t effectué en août, le système « Parafe » devrait permettre, selon Jean-Philippe Nahon, directeur départemen­tal de la police aux frontières, de réorganise­r le travail et les missions de surveillan­ce.

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(Photo Frantz Bouton) Un sas remplace la technologi­e de prise d’empreintes digitales.

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