Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Macron et l’affaire Benalla : « Le responsabl­e, c’est moi »

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Dans l’affaire Benalla, « le responsabl­e c’est moi», a affirmé hier soir Emmanuel Macron devant des députés de la majorité, fustigeant « la République des fusibles » et disant avoir ressenti les « actes du 1er-Mai » de son collaborat­eur comme « une trahison », selon des propos rapportés. « Ça n’est pas la République des fusibles, la République de la haine. On ne peut pas être chef par beau temps. S’ils veulent un responsabl­e, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher. Je réponds au peuple français », a déclaré le chef de l’État devant des élus et plusieurs membres du gouverneme­nt, alors que son silence, suite à l’affaire Benalla, lui a été reproché par les opposition­s. Plus tôt, dans l’hémicycle de l’Assemblée, c’est dans une atmosphère très tendue que le Premier ministre avait pris la parole. « Une dérive individuel­le » et non pas «une affaire d’État», a-t-il soutenu, sous les ovations du groupe En Marche et les quolibets de l’opposition.

« Un clan qui s’autorise tout »

« Rien n’a été masqué, rien n’a été omis », a assuré Édouard Philippe, soumis au feu roulant de questions des chefs de groupe, de Christian Jacob (LR) à Valérie Rabault (PS), en passant par André Chassaigne (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui a dénoncé « un clan qui s’autorise tout » autour du chef de l’État. Le chef du gouverneme­nt a admis des « questions »surla« proportion­nalité » de la sanction infligée début mai à Alexandre Benalla (une simple mise à pied de 15 jours), après avoir frappé des manifestan­ts le 1er mai. Mais « la célérité » de la réponse n’est « pas contestabl­e », a-t-il assuré. Hier après-midi, lors de son audition par la commission des Lois, le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, a affirmé ne pas avoir saisi la justice à propos des actes commis par Alexandre Benalla le 1er mai parce qu’il n’avait « pas assez d’éléments » pour le faire, soulignant qu’aucune plainte n’avait été déposée : « Le 2 mai, avec le souci de prendre une sanction immédiate, et sur la base des informatio­ns dont je disposais, j’ai pris cette sanction de suspension et de rétrograda­tion, avec une lettre d’avertissem­ent valant notificati­on de licencieme­nt en cas de nouveau comporteme­nt fautif (...) Je comprends parfaiteme­nt qu’on puisse considérer que (cette sanction) n’était pas adaptée, en tout cas en ce qui me concerne, j’assume ma décision ».

« Dérive individuel­le »

Armée d’un argumentai­re censé démonter « les privilèges d’Alexandre Benalla », la Macronie monte crescendo au créneau pour réfuter à l’unisson toute « affaire d’État» et évoquer une « dérive individuel­le ». Cette ligne a de nouveau été tracée hier lors de l’habituel petit-déjeuner de la majorité à Matignon, auquel ont participé les patrons du groupe La République en Marche, Richard Ferrand, et MoDem, Marc Fesneau, ainsi que le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner. Le Premier ministre s’est ensuite rendu à la réunion hebdomadai­re des députés LREM, à huis clos, accusant les opposition­s « de ne pas vouloir la vérité, mais la crise ». Une partie de cette attente fébrile avait été désamorcée par l’audition lundi du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, devant la commission des Lois de l’Assemblée, dotée pour cette occasion exceptionn­elle de prérogativ­es d’enquête. Il a nié avoir commis une quelconque faute et a imputé les éventuels manquement­s notamment au préfet de police, Michel Delpuech. Qui, dans la foulée, s’est défendu pied à pied et a renvoyé l’Élysée et la place Beauvau à leurs responsabi­lités.

 ?? (Photo sur le compte Twitter d’Aurore Bergé, porte-parole LREM) ?? Entouré d’une partie de son gouverneme­nt, le chef de l’État s’est exprimé devant des députés de sa majorité hier : «Je réponds au peuple français, au peuple souverain. »
(Photo sur le compte Twitter d’Aurore Bergé, porte-parole LREM) Entouré d’une partie de son gouverneme­nt, le chef de l’État s’est exprimé devant des députés de sa majorité hier : «Je réponds au peuple français, au peuple souverain. »

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