Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Quel numéro !

Une semaine après sa victoire au Grand-Bornand, Julian Alaphilipp­e a remis ça hier dès la première étape pyrénéenne au terme d’une journée mouvementé­e

- ROMAIN LARONCHE, À BAGNÈRES-DE-LUCHON

Alui seul, Julian Alaphilipp­e sauve le Tour des Français. Deux victoires d’étapes et un maillot à pois désormais solidement accroché sur ses épaules (49 points d’avance sur Barguil), le puncheur de la Quick-Step n’en finit plus d’afficher sa mine radieuse sur les podiums. Une semaine après avoir enlevé la première étape alpestre au Grand-Bornand, le Montluçonn­ais en a fait de même à Bagnères-de-Luchon, pour le premier acte pyrénéen. Trois jours après sa deuxième place à Mende. Mais dans l’échelle émotionnel­le, son succès en Haute-Garonne se situe certaineme­nt un cran au-dessus. Car il y a à peu près tout eu hier, si ce n’est une bataille entre les favoris, arrivés groupés. Parti dans un groupe de 47 coureurs à 120 km de l’arrivée, le vainqueur de la Flèche Wallonne en avril n’était peut-être pas le meilleur grimpeur de ce petit peloton, composé de certains clients (Yates, Gesink, Pozzovivo, Izaguirre, Caruso, Barguil…), mais sûrement le plus complet. Il a autant gagné avec sa tête qu’avec ses jambes. « Très honnêtemen­t, je n’étais pas terrible toute la journée, j’avais mal aux pattes, on a eu du mal à sortir et quand je me suis retrouvé devant, je pensais être cramé, mais je me suis accroché ». Le coureur de 26 ans a su parfaiteme­nt doser ses efforts et n’a jamais paniqué lorsque Caruso, Barguil et Gesink s’échappèren­t dans le col de Menté. Il a également préféré attendre le dernier kilomètre du col du Portillon pour se lancer à la poursuite de Yates. Avec 20 secondes de retard au sommet sur le Britanniqu­e et encore dix kilomètres de descente vers Bagnères-deLuchon, sur une route fraîchemen­t arrosée par un orage, on ne donnait pas cher de la peau du 4e du Tour 2016. Alaphilipp­e est un virtuose en descente et en sentant le souffle du Français dans son dos, le grimpeur de Mitchelton est parti à la faute dans une épingle glissante à 6 kilomètres du terme.

« J’ai pris beaucoup de risques »

« J’avais reconnu l’étape, je connaissai­s le final et j’ai pris beaucoup de risques, estimait le désormais 31e du général. J’aurais pu tomber aussi. Ça me faisait chier de revenir sur lui comme ça, j’ai voulu être fair-play et l’attendre, mais il avait peur juste après sa chute. Et même si j’étais exténué, il ne fallait pas faire d’erreur pour gagner et je pense que je n’en ai pas fait ». Avec son tempéramen­t offensif, ses pois sur le dos, deux étapes et un sourire contagieux lors de ses interviews, Alaphilipp­e a déjà réussi son Tour et fait chavirer le coeur des Français. Mais quand on donne autant, on déclenche aussi certaines envies. Il a été beaucoup question du classement général et de son avenir lors de sa conférence de presse hier soir. « Ce n’est pas parce que j’ai gagné deux étapes que je peux gagner le Tour. Ce n’est pas mon objectif pour le moment », a calmé celui qui essaiera déjà d’amener son maillot à pois jusqu’aux Champs-Elysées. Aujourd’hui, va-t-il réellement rentrer dans le rang et assister à la course des favoris de loin ? Pas si sûr.

 ?? (Photo AFP) ?? Le Français, deuxième dans la descente du col du Portillon, a profité de la chute d’Adam Yates pour filer vers une deuxième victoire d’étape sur ce Tour.
(Photo AFP) Le Français, deuxième dans la descente du col du Portillon, a profité de la chute d’Adam Yates pour filer vers une deuxième victoire d’étape sur ce Tour.

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