Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Grand bleu sur Négresses vertes

C’est le grand come back du groupe légendaire des années 80, qui, après 17 années d’absence, joueront leurs classiques au festival des Nuits Blanches du Thoronet, demain soir

- MIGUEL CHARLOTIAU­X mcharlotia­ux@nicematin.fr

C’était il y a trente ans. Trois décennies que leur premier album Mlah est sorti. Zobi la mouche, Voilà l’été, Sous le soleil de Bodega, ... Du rock, du punk, de la guinguette, des cuivres, des rythmes latinos, des paroles engagées. La recette est bien rodée. L’un des deux chanteurs, le charismati­que Helno, décède en janvier 1993. Le groupe vit une période difficile, mais continue à tourner jusqu’en 2001. Et puis, c’est le silence... Jusqu’à aujourd’hui. Après un concert au festival des Vieilles Charrues, samedi 21 juillet, et un crochet par Vitrolles, le groupe mythique débarque aux Nuits Blanches du Thoronet. Les Négresses Vertes seront sur scène demain, vendredi. Leur chanteur à la voix rocailleus­e, Stéfane Mellino, a accepté de répondre à nos questions.

Après  ans d’absence, c’est reparti, vous avez repris la route ?

Oui, ça y est. On a commencé à tourner il y a six mois en commençant par la Belgique. On a joué dans des petits clubs, on avait besoin de se retrouver entre nous, ça fonctionne, et le public a l’air content. On a aussi joué aux Vieilles Charrues. C’est un public de festival, c’est intéressan­t car les gens ne nous connaissen­t pas forcément. Il y a beaucoup de jeunes qui nous disent « mes parents ont votre disque, ils vous adorent ! ». Nous, on leur répond que c’est super, que leurs parents ont bon goût (rires).

Vous avez choisi de reprendre les titres de votre premier album C’est un retour aux origines ?

Mlah. C’est exactement ça. Il y a trente ans, c’est l’album qui nous a sortis du marché aux puces et fait faire le tour du monde. C’est celui qui nous a fondés. Et puis, c’est Helno qui a écrit les paroles, c’est un hommage à sa prose, son écriture, sa vision des choses.

C’est une forme de nostalgie ?

Il y a plusieurs formes de nostalgie. On n’aime pas dire « c’était mieux avant ». C’est toujours mieux maintenant, parce qu’on est vivant. Ceux qui disent ça, ils ne respectent pas les nouvelles génération­s, alors qu’elles apportent toutes leur pierre à l’édifice. Mais il existe aussi une nostalgie poétique. Dans nos compositio­ns, on aime ces accords mineurs, ce côté triste mais réaliste.

Les mots « Négresses vertes » évoquent les vacances, l’été, la bonhomie. Mais derrière tout ça, il y a un vrai côté engagé… Vous êtes un groupe punk ?

Nous sommes tous issus de la mouvance alternativ­e des années . On vient des Berruriers, des Ouvriers, des groupes punk. Et les textes de Helno, ils sont carrément No Future. Même la chanson C’est l’été, c’est l’histoire d’un mec qui se fait chier à Paris. Et comme tout le monde est en vacances, il se met à insulter les gens. Il y a toujours eu ce paradoxe entre notre musique chaloupée, qui caresse dans le sens du poil, qui fait danser, et la gravité de nos paroles. C’est notre marque de fabrique dans cet album.

Des textes qui ont  ans mais qui restent d’actualité, comme dans la chanson

Il… Oui. En , Mitterand nous a promis qu’il n’y aurait plus aucun sans-abri dans les rues. Leur nombre a quadruplé ! Il y a toujours une actualité dans les Négresses Vertes. Il y a encore du racisme, de la peur, des sujets tabous. En prenant du recul, on se rend compte que certaines choses qui devaient avancer ont finalement reculé.

Vous voulez faire passer un message, durant vos concerts ?

Les gens se foutent de mon avis. Je n’essaye pas de passer de message, je ne fais pas de politique et je n’ai de leçon à faire à personne. Je pense qu’un concert, ça sert à oublier ses problèmes, son compte en banque et ses factures. La musique ouvre les portes sur un monde parallèle, c’est fait pour s’évader.

Vous n’en avez pas marre, d’entendre vos chansons aux férias ou en début d’été ?

(Rires) Figurez-vous que j’ai une maison en Camargue, et qu’un soir, mes voisins ont mis la chanson Sous le soleil de Bodega à fond, et ça m’a réveillé. Je suis allé leur dire « oh les gars, vous ne voulez pas changer de disque ?!». Ces chansons nous ont dépassés, c’est certain. Mais bon, on a de la chance, même si on a quelques standards, personne ne nous reconnaît dans la rue, on reste des gens lambda. On est loin de la« Bruel mania ».

Avez-vous déjà joué dans le Var?

C’est un territoire où on joue très rarement. Il y a peu d’événements, quand on y pense. Lorsqu’on compare Toulon ou Nice avec la Bretagne, c’est vraiment un autre délire. Il y a peut-être un aspect politique derrière tout ça, qu’on préfère mettre l’argent ailleurs, je ne sais pas... Mais nous, ça nous fait plaisir, c’est une région magnifique, on se demande pourquoi on ne vient pas plus souvent. Chez vous, il y a des spots au-delà du réel !

Vous êtes programmés aux Nuits Blanches du Thoronet, un festival % bénévole...

On adore. On a décidé de retourner jouer dans des festivals où on ressent l’esprit de l’album Mlah. Comme à l’époque, des scènes à taille humaine... Ce côté associatif, c’est important pour nous, pour l’album qu’on défend. C’est dans ces festivals qu’on a fait nos armes, c’est la raison pour laquelle on est content de revenir.

C’est l’album qui nous a sorti du marché aux puces et fait faire le tour du monde. ” La musique ouvre les portes sur un monde parallèle, c’est fait pour s’évader. ” Ce côté associatif, c’est important pour nous, pour l’album qu’on défend.”

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 ?? (Photos Luc Manago I hanslucas.com) ?? Du rock, des rythmes chaloupés, les Négresses vertes sont de retour...
(Photos Luc Manago I hanslucas.com) Du rock, des rythmes chaloupés, les Négresses vertes sont de retour...

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