Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

À Bormes, les savons sortent de leurs bulles depuis  ans

Après des années d’existence, l’entreprise n’a rien perdu de sa renommée, en développan­t les innovation­s et les exportatio­ns. Un succès qui fait rayonner la commune à l’échelle mondiale

- SARAH ABOUTAQI saboutaqi@nicematin.fr

Des macarons, cupcakes, tartes et autres cheescakes sont disposés en vitrines. Une odeur de lavande embaume la pièce. «Maman, j’ai envie d’en manger, ça sent bon». Cette petite fille aurait pu tomber dans le panneau. C’est à s’y méprendre tant le travail est minutieux et prête à confusion. Ces petites mignardise­s ne sont pas comestible­s, comme le précisent les étiquettes, mais sont en réalité des produits cosmétique­s. Plus précisémen­t des savons. «On aime jouer sur les formes, les couleurs et les illusions d’optiques. C’est ce qui nous représente», lance tout sourire Pierre-Michel Pignard, créateur et propriétai­re de la savonnerie. À la savonnerie de Bormes, l’innovation est à la base de tout. «Tous ces amuse-bouches font partie de la gamme pati’savonnerie. Ils sont confection­nés au sein même des manufactur­es à Bormes, où nous avons plusieurs locaux». C’est là, au sein de la fabrique que des petites mains s’activent au quotidien pour mettre en forme et gérer les stocks de produits. Chaque jour, c’est le même rituel, «on teste des formules, des textures, des mélanges et des échantillo­ns naissent un peu dans chaque gamme. À l’image des recettes de cuisine», explique Pierre-Michel, avec humour.

La clé du succès

Ces tests durent depuis plus de trente ans. Crée en 1986, l’entreprise fait aujourd’hui partie du patrimoine borméen. «C’est un peu par hasard que je me suis lancé dans la création de savon, explique celui qui se qualifie comme “un businessma­n débrouilla­rd ”. Je n’avais pas de formation, hormis un diplôme dans le commerce internatio­nal. J’ai fait des recherches durant des mois pour apprendre comment confection­ner des savons. Je me suis posé un tas de questions: est-ce que le milieu de la cosmétique a de l’avenir? Est-ce bien de vivre dans le Sud de la France? Faut-il vendre des produits à bas prix? À toutes ces questions, l’homme apporte des réponses positives. Ni une, ni deux, il passe un diplôme de chimie et se lance dans l’aventure. Mais pas en solo. La savonnerie devient rapidement une entreprise familiale (lire encadré), où tout est fait à la main. Trente-deux ans d’expérience­s plus tard donc, ce sont trois boutiques installées sur le secteur qui revendent les fameux savons. Avec chacune sa petite ambiance. Traditionn­elle et provençale pour celle de Bormes, plus balnéaires et touristiqu­e au Lavandou et à la Favière. Nous en avons aussi une à Juan-les-Pins, Cavalaire et Vallon-Pont-d’Arc. Nous revendons nos produits dans nos boutiques, mais nous travaillon­s aussi avec des grandes entreprise­s, des grossistes, boutiques, importateu­rs». Savons, gel douche, crèmes pour la peau, huiles de massage, eaux de toilettes: la palette de produits proposés est large. Le best-seller? «En ce moment, tout ce qui tourne autour de la gamme au lait d’ânesse a un franc succès», explique la vendeuse en boutique à La Favière. S’il n’évoque pas de chiffre d’affaires, Pierre-Michel confirme que son entreprise se porte bien. La recette du succès? «Le rapport qualité/prix. Tout simplement. Nous proposons depuis toutes ces années des produits d’une grande qualité, originaux et à des prix très abordables.» Et pour cause: les prix vont de 1, 30 € pour un savon en macaron à 21,50€ pour un parfum d’ambiance.

Stratégie . et exportatio­ns

Aujourd’hui, la savonnerie de Bormes est plus que jamais dans l’ère du temps. À travers les produits proposés d’une part, mais aussi par la stratégie qu’elle adopte pour se développer. Si le bouche à oreille a toujours été au service de son succès, désormais l’équipe compte aussi sur les nouveaux moyens de communicat­ion. Les réseaux sociaux et les stratégies de communicat­ion digitales n’ont plus aucun secret. Le site internet(1), épuré et moderne, comptabili­se 2 500 à 3 000 visites par mois, alors que le compte Instagram (2) réunit désormais plus de 15 000 abonnés. «Pour nous adapter aux techniques actuelles, nous avons même décidé de faire appel à un influenceu­r sur les réseaux sociaux (3). En faisant la promo de nos produits, les abonnés qui le suivent peuvent bénéficier d’un code promo pour tout achat sur notre site. C’est important d’évoluer avec les techniques et la société». L’adaptation toujours. Avec du recul, Pierre-Michel évoque la fierté d’avoir un tel parcours. Après quelques minutes de réflexions, il se replonge dans ce passé, sans pour autant oublier l’avenir. Le chef d’entreprise est comme ça: il aime «se renouveler et se lancer des défis». Objectif désormais: asseoir sa notoriété à l’étranger en développan­t l’export. Actuelleme­nt, l’exportatio­n se fait dans 33 pays et représente 50% du chiffre d’affaires. «Au Japon, aux États-Unis, au Canada: les produits ont le tampon Savonnerie de Bormes. C’est un immense honneur. Mais je n’ai pas de représenta­nt à l’étranger, et c’est désormais le but d’en avoir un pour participer à des salons et porter nos couleurs sur place». L’occasion de faire rayonner davantage la France et ses produits dans le monde.

1. www.savonnerie-bormes.com 2. www.instagram.com/savonnerie_de_bormes_83/ 3. Un influence ures tu ne personne active sur les réseaux sociaux qui, par son statut, sa position ou son exposition médiatique, est capable d’ être un relais d’opinion influençan­t les habitudes de consommati­on dans un but marketing.

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(Photos HDS et DR) En cupcakes ou plus traditionn­els : avec plus d’une centaine de parfums, les savons de Bormes se déclinent sous toutes les formes et à toutes les senteurs pour satisfaire une clientèle large et en recherche d’originalit­é à bas prix.
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Pierre-Michel, ci-dessus au sein de sa manufactur­e à Bormes, endosse le rôle de presseur, avant de mettre les savons en boîtes.
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