Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le programme complet du weekend médiéval
« On espère faire rire les gens, les faire entrer dans nos rites »
Samedi et dimanche, le centre ancien voyagera dans le temps. Chevaliers, gueux et créatures étranges envahiront les rues…
i la mort est, pour la plupart d’entre nous, une source de peur et un sujet tabou, il existe des gens pour qui elle est un prétexte à faire la fête. Joeffrey, un jeune paysan du bourg de Néoules, est prêt pour les festivités. Accompagné de sa troupe de jongleurs et de ménestrels, la bien nommée compagnie Aouta, il compte apporter sa touche de folie à la cité médiévale de Brignoles. Le gentilhomme a accepté de répondre à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter ? Parlez-nous de votre quotidien.
Je suis Joeffrey, un humble paysan de ans. Je passe le clair de mon temps à la ferme, on laboure les champs, on paye les taxes, la dîme et la gabelle(). J’ai une dulcinée, elle m’aide et me soutien. À la moindre occasion, je me déguise en squelette et deviens jongleur et percussionniste avec la compagnie Aouta. On pratique les danses macabres…
Danse macabre ? Qu’est-ce que c’est ? Ça fait peur ?
Non pas du tout ! La mort est entourée de tabou. Mais, pour nous, c’est un prétexte pour faire la fête. Face à elle, nous sommes à égalité, que l’on soit un roi, un curé, un bourgeois ou un gueux. On finira tous au même endroit ! Avec les danses macabres, on vient rappeler aux gens leur condition… La mort fera toujours un peu peur, c’est certain. Nous, on vient apporter de la joie, de la fête et de la bonne humeur. Vous serez donc présents lors des Médiévales ? Oui, on vient ravir les oreilles et les yeux des braves gens. On va rire, boire, proférer des bêtises et dormir sur la paille. La route n’est pas toujours sûre, il y a parfois des détrousseurs de grands chemins. Et je crains aussi la peste et le choléra. Mais ce qui m’effraye le plus, ce sont les créatures étranges qui peuplent les ruelles… On en voit parfois, lorsque la nuit tombe. Des bestioles avec des nez et des oreilles pointues…
Voici une mise en situation. Vous voyez un homme d’armes malmener une demoiselle, devant vous. Votre réaction ?
Pour sûr, j’interviens ! Mais comme je ne suis pas bien costaud, ni équipé, je ferais preuve de ruse. J’offre une chope d’hypocras() à l’agresseur, je détourne son attention et hop ! Je repars avec la gueuse.
Parlez-nous de la compagnie Aouta...
On compte sept personnes : un cureton, un ménestrel, une danseuse, un amuseur public, deux amis fermiers et moi-même. On sort de chez nous pour les carnavals, les charivaris, les fêtes des fous. Ce que l’on propose, c’est un spectacle visuel, de jonglerie, d’acrobaties et de contes moyenâgeux. On va passer deux jours chaleureux. On sait qu’on va beaucoup marcher. Grâce à notre musique, on espère attirer les gens, les faire entrer dans nos rites, les faire rire, les distraire. Nous proposons des spectacles fixes et en déambulation. Pouvez-vous nous décrire votre déguisement ? L’idée de notre costume, c’est que nous incarnons notre vraie personne... Mais en mort. Ce n’est pas toujours facile à comprendre, je sais. Nous portons une tenue rapiécée, avec des franges en cuir. Il y a des marques pour simuler les côtes, ainsi que des bouts de bois peints, comme des os. Ona aussi des franges au niveau des jambes, et un masque. Il est en cuir, il fait un peu peur, à première vue. C’est Guillaume qui les confectionne, c’est le ménestrel et fondateur de la compagnie.
Quel style de musique jouezvous ?
On propose des chants médiévaux et des compositions de musique du monde. On utilise des instruments du Moyen-Âge, mais pas seulement. On pense ajouter des instruments d’autres époques.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
D’éviter d’attraper la peste, premièrement. Qu’il ne fasse pas trop chaud. Et puis… Qu’on ait du monde à faire rire ! 1. Impôts féodaux. 2. Boisson à base de vin, sucrée au miel et aromatisée.
Que l’on soit un roi, un curé, un bourgeois ou un gueu. On finira tous au même endroit !” Je détourne son attention et hop ! Je repars avec la gueuse.”