Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Fil de fer, cela ne s’invente pas
Le dernier livre de Martine Pouchain est en lice pour le Prix des lecteurs du Var 2018. Il évoque l’horreur de l’exode de 1940 à travers le regard d’une jeune fille. Vertigineux. Et très réussi
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our Fil de fer, Martine Pouchain a trempé sa plume dans le même encrier que Roberto Benigni lorsqu’il a écrit La vie est belle ! L’idée est de regarder l’horreur absolue, l’indicible, en face, mais avec les yeux et les mots d’un enfant. L’effet est vertigineux. Martine Pouchain prend le lecteur par la main. Elle le guide sur un fil tendu entre deux abîmes. Les sentiments qui animent les personnages sont si forts qu’on se rassure en se disant que Martine Pouchain est une romancière très imaginative. Mais en apprenant que cette histoire relève de faits réels, naturellement on est pris d’effroi. Des sentiments qui oscillent comme un fil à plomb. Voilà un Fil de fer qui va embobiner le lecteur.
Quelle est la part autobiographique de votre livre ?
Il s’agit plutôt d’une biographie… de ma mère. Elle m’avait écrit quelque chose sur son souvenir d’exode. Et depuis longtemps j’avais envie de le raconter à ma façon. Mais je n’avais pas envie de faire un livre de plus sur la guerre. Cet épisode, finalement, n’a pas été aussi raconté que cela. Mais c’est une histoire si forte que j’ai mis dix ans avant de commencer à l’écrire, à ma façon, à travers le regard d’une jeune fille.
Tous les personnages ont existé ?
Non, j’ai inventé le personnage de Gaétan. J’aime beaucoup ajouter des personnages aux histoires réelles.
Cette page d’histoire, si sombre, cela ne vous a pas effrayé ?
C’est un sujet imposé par le souvenir. Et puis, c’est un sujet étudié en classe. Je trouvais aussi que cela entrait en résonance avec le drame que vivent les migrants actuellement.
La fin du livre flirte avec le paranormal ?
Oui ? Il y a plusieurs lectures du livre et j’aime bien cette idée. Mais il est vrai également que je m’intéresse beaucoup à ces questions en effet. La mort et l’amour sont intimement liés.
D’où vous vient cette passion pour Giono ?
Ah, je l’ai découvert il y a bien longtemps. C’est pour moi un mystique sans Dieu. Il a une vision très humaniste des choses et il va même plus loin. J’adhère à tous ses écrits !
Et Rimbaud ?
C’est une commodité, car il y a beaucoup d’allusions notamment au Dormeur du Val. C’est un poème remarquablement construit.
Votre prochain livre ?
Ce sera un ouvrage pour les « jeunes adultes », mais ce ne sera pas avant la rentrée . Je viendrais à Toulon, avec Fil de fer, bien sûr.