Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

David Zapata retrouve sa soeur du bout du monde St-Raphaël ‘‘

L’an dernier, à 48 ans, ce Raphaëlois a retrouvé son père biologique aux ÉtatsUnis. C’est aujourd’hui au tour de sa famille reconstitu­ée de visiter l’Hexagone. Un vrai choc

- 1. Lire notre édition du 29 mars 2017 2. https://m.youtube.com/watch?v=dV-ihmqBzFI LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

La France, c’est tellement joli ! Avec tous ces charmants petits villages, on se croirait dans un conte de fées… » Dodie Dowden roule des yeux immenses – ceux d’une Américaine de l’Ohio qui découvre le vieux continent pour la première fois. Tout cela grâce au demi-frère raphaëlois dont elle a appris l’existence en mars 2017 (1). La visite de cette soeur du bout du monde est l’ultime épisode d’une longue histoire. Celle de David, né Tuan Trinh Thanh, qui prend sa source au confluent de deux pays déchirés par la guerre. Le garçon voit le jour le 3 juin 1968 à Saïgon. Sa mère est Vietnamien­ne. Son père ? Un GI américain de 19 ans… qui ne sait rien de cette naissance. Lorsque l’enfant paraît, cela fait plusieurs mois que le soldat a été affecté sur un autre théâtre d’opération. Deux jours après l’accoucheme­nt, la mère abandonne son fils à l’orphelinat de Biên Hoà. Le bambin passe deux ans dans cette institutio­n gérée par les soeurs de SaintPaul-de-Chartes, avant d’être adoptée par une famille française d’origine espagnole – les Zapata.

« Ils ont pensé que c’était une arnaque»

« Vers l’âge de 8 ou 9 ans, mes parents de coeur ont évoqué mes origines, se souvient David. J’ai compris ce que cela signifiait vraiment à l’orée de l’adolescenc­e. Adulte, j’ai tenté de retrouver ma mère en me rendant au Vietnam. Sans succès (lire par ailleurs). Puis je suis parti à la recherche de mon père. » Sa quête dure cinq – longues – années. Par le biais d’une société texane, Family Tree DNA, il effectue un prélèvemen­t d’ADN qui est « injecté » dans une banque de données mondiale. « Ça a “matché” aux États-Unis avec l’un de mes cousins germains qui, lui-même, s’était inscrit pour confirmer ses origines Cherokees. » Très ému, David découvre l’identité de son père biologique. Il se nomme Kelly Dean Dowden. Âgé de 69 ans, il vit dans une petite maison à Southville, dans l’Ohio, auprès de son épouse et de ses trois – grands – enfants. « Ce n’était pas un militaire de carrière, précise le Raphaëlois. Après son service, il s’est installé comme couvreur avant de prendre sa retraite et de se consacrer à ses passions, la chasse et la pêche. » Les premiers contacts, par courriels et réseaux sociaux, sont difficiles. « Ils ont d’abord pensé que c’était une arnaque, sourit David. Je peux les comprendre… » Finalement, une rencontre est organisée aux États-Unis le 7 mars 2017. En arrivant à Southville, avec sa compagne Stéphanie Garabige, le Français craint une réaction hostile. « Je suis métisse, explique-t-il. Et je sais qu’aux States, le Vietnam n’est pas enterré pour tout le monde. Mais tout s’est très bien passé. Je me suis découvert un demi-frère, Kelly Jr, et deux demisoeurs, Dodie et Dreama. Avec un aspect insolite : dans cette famille américaine, je suis l’aîné – alors que dans ma fratrie française, je suis le plus jeune. » Dodie hoche la tête : « Nous étions ravis de connaître David. Quand un frère vous tombe du ciel, c’est un cadeau : pourquoi le rejeter ? » « C’est une famille ouverte d’esprit, témoigne Stéphanie, dont la maîtrise de l’anglais a été précieuse. Je pense que deux facteurs ont joué à notre faveur. Primo, Kelly était célibatair­e en 1967: il ne s’agissait pas d’une liaison adultérine. Secundo, les Dowden sont des gens modestes. Il n’y a pas de question d’héritage qui aurait pu polluer ces retrouvail­les. » Dodie est la première à répondre à l’invitation de David. « J’ai fait la connaissan­ce de ses quatre fils, s’enthousias­me-t-elle. L’un d’eux, Swann, réalise des mangas: j’avais prêté ma voix à l’un de ses personnage­s sans le connaître ! » (2) Kelly fera le voyage «dès que la santé fragile de son épouse le lui permettra ». « Nous avons l’intention de nous voir chaque année, en alternance, aux États-Unis et dans le Var », conclut David. Convaincu que les plus beaux épisodes de leur histoire commune restent à écrire.

Aux States, le Vietnam n’est pas enterré pour tout le monde... ”

 ?? (Photos Adeline Lebel et DR) ?? Dodie, la demi-soeur que David a retrouvé à l’aube de la cinquantai­ne, n’était jamais venue en Europe. Ci-dessous : le Raphaëlois lors de sa première rencontre aux États-Unis avec les autres membres de sa famille américaine : son demi-frère Kelly junior (à droite), sa demi-soeur Dreama et son père Kelly.
(Photos Adeline Lebel et DR) Dodie, la demi-soeur que David a retrouvé à l’aube de la cinquantai­ne, n’était jamais venue en Europe. Ci-dessous : le Raphaëlois lors de sa première rencontre aux États-Unis avec les autres membres de sa famille américaine : son demi-frère Kelly junior (à droite), sa demi-soeur Dreama et son père Kelly.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France