Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La panique à l’aéroport finit en prison avec sursis
À l’issue d’une audience assez déconcertante, le ressortissant belge qui avait provoqué l’évacuation de l’aérogare d’Hyères a parlé… de naturisme, de Trump et de relations sexuelles
Si on osait, on dirait que cela n’a ni queue ni tête. Le Belge âgé de 33 ans qui a provoqué la panique dans l’aéroport d’Hyères a dû s’expliquer devant la justice. Mais devant le tribunal correctionnel de Toulon où il comparaissait hier, il a tenu des propos souvent incohérents. Dossier particulier que ces menaces réitérées, qui n’ont été suivies d’aucun acte délictuel, mais qui ont provoqué l’évacuation de l’aéroport d’Hyères, jeudi soir vers 19 h. La panique (nos éditions du 18 août).
« Il hurlait en courant»
« Il hurlait en courant, à hauteur des parkings », a décrit un salarié de l’aéroport sur procès-verbal. Le président du tribunal rapporte les propos entendus à plusieurs reprises. « Je vais niquer la France. Allahou akbar. » Ce coup de sang, Mohamed B. l’explique par un état d’énervement. « J’ai eu deux heures de retard en train, j’arrivais de Béziers, j’étais content d’arriver à l’aéroport. J’étais délivré de la pression de rater l’avion. » Le tribunal reste dubitatif. « J’ai crié “J’ai niqué la France”. Niquer, ça veut dire qu’on a eu des relations sexuelles. J’avais des raisons de dire ça», tente-t-il de façon alambiquée. « Ça », c’est la raison de son voyage en France, au Cap d’Agde, « pour faire du naturisme et avoir des relations sexuelles avec des hommes et des femmes ». Par contre, le prévenu nie totalement avoir dit : «Allah akbar ». « C’est pas rationnel, pourquoi j’aurais dit ça ? », avance-t-il. Selon lui, ce sont les témoins « qui l’ont rajouté ».
Contexte
Le tribunal n’a toujours pas l’air de bien comprendre. Deux autres témoignages émanent d’employés d’une parfumerie. Et eux ont entendu : « Je vais niquer la France. Dites-le à Trump. Allahou akbar. » Le tribunal insiste un peu. « Pourquoi Trump? Faut-il qu’il connaisse vos ébats sexuels ?»« Je parlais tout seul.» Un « tout seul » qui a bloqué au bas mot 230 passagers à l’embarquement, une centaine d’autres confinés dans leur avion sur le tarmac. Mis sur les dents policiers et démineurs. Le suspect n’avait aucun objet litigieux en sa possession. « Vous vous rendez compte que le tribunal tient compte du contexte?» Celui « d’une menace terroriste extrêmement importante ». Moment de pédagogie du tribunal. « Oui, je m’en rends compte.» Le casier judiciaire de Mohamed B. est totalement vierge.
« Tout idiot que soit le comportement »
Pendant la garde à vue, le psychiatre n’a décelé aucun trouble mental. Le ministère public souligne que « les personnes présentes se sont senties victimes et visées par ces menaces réitérées ». Et requiert dix mois de prison avec sursis. La défense plaide la relaxe, « tout idiot que soit le comportement et grand le retentissement médiatique ». Me Julien Marlinge décrit un homme «venu en France pour faire du naturisme, sans aucun rapport avec une mouvance terroriste». En désignant « la France », il n’a menacé personne en particulier. Ce sont finalement six mois de prison avec sursis dont l’homme en chemise bleue écope. Avertissement sans frais. Quant à l’aéroport qui a été paralysé et a dû gérer les conséquences de cette alerte, son représentant légal n’a pas voulu se constituer partie civile.