Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Au Venezuela, la spirale d’une inflation folle
Ils arborent… cinq zéros en moins: les nouveaux billets vénézuéliens sont entrés en vigueur hier, première étape d’un plan de relance du président Nicolas Maduro pour tenter de faire face à une profonde crise économique qui pousse des millions de personnes à fuir le pays. Hier, jour férié décrété par le chef de l’État, les rues de la capitale étaient désertes, la plupart des commerces et des administrations fermées et les transports en commun à l’arrêt. Ces derniers jours, dans l’attente de ce changement, les Vénézuéliens ont été pris d’une frénésie d’achats et ont formé de longues files d’attente devant les stations-service.
dollars pour millions de bolivars
Le dirigeant socialiste assure que les nouveaux billets, dont la plus grosse coupure sera de 500 bolivars (50 millions de bolivars actuels, soit environ 7 dollars au marché noir, la référence de facto), constitueront le point de départ d’un «grand changement ». Ils arrivent 20 mois à peine après l’introduction progressive par le gouvernement de coupures de plus en plus grosses, de 500, 20 000 puis 100 000 bolivars. Dix ans auparavant, en 2008, l’État vénézuélien avait déjà éliminé trois zéros en lançant le «bolivar fort». Cette fois-ci, il s’agit du « bolivar souverain ». Mais les analystes et économistes ne jugent pas viable, voire « sur réaliste » le programme du gouvernement, qui prévoit aussi une hausse du salaire minimum de près de 3 500% (celui-ci étant multiplié par 34), l’assouplissement du rigide contrôle des changes, ainsi qu’un nouveau système pour le prix de l’essence. Nicolas Maduro a également annoncé que l’État assumerait pendant 90 jours le «différentiel» de l’augmentation du salaire minimum pour toutes « les petites et moyennes industries », sans en préciser les modalités.
«Untruc de dingue »
« C’est un truc de dingue » ,estime Henkel Garcia, directeur du cabinet Econometrica, alors qu’une hyperinflation attendue à 1000000% fin 2018 sévit au Venezuela. En réaction, trois des principaux partis d’opposition ont appelé à une grève de 24 heures contre « des mesures désordonnées et irrationnelles, contradictoires et non viables, qui ne feront qu’accroître le chaos et la crise économique que subit le Venezuela ». Des manifestations isolées contre les pénuries ou la faillite des services publics ont déjà commencé à se multiplier.