Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sa vie, c’est comme un film

Il se voyait tennisman, ses parents voulaient qu’il fasse des études : il est devenu acteur. À 25 ans, le Dracénois Michel Biel est à l’affiche de la série et au tournant de sa carrière

- GIANNI ROCHE

Une histoire comme celle-là, on a l’habitude de l’apprécier au cinéma. Celle du jeune homme parti de rien qui fini par réaliser son rêve… On la connaît. Pourtant, ce scénario, Michel Biel, 25 ans, est bel et bien entrain de le vivre. Le «beau gosse» dracénois n’a cessé de gravir les échelons dans le dur milieu du septième art, enchaînant les auditions, les voyages et petits boulots, jusqu’à décrocher, fin 2017, l’un des rôles principaux dans la série Skam. Une opportunit­é qui a définitive­ment lancé sa carrière et, par la même occasion, rassuré ses parents.

Fac de droit et cours du soir

Car au début, comme dans toute « success-story » qui se respecte, rien n’était joué pour Michel. Après avoir passé son bac au lycée JeanMoulin, le jeune homme à l’allure svelte souhaite se consacrer à sa première passion, le tennis. « Mais chez moi, c’était un peu la sécurité financière avant tout. Il fallait que je fasse des études. Mes deux parents sont artisans, et polonais », expliquet-il en rigolant. Il s’inscrit donc en première année de droit à Draguignan et, en parallèle, passe des courts de tennis aux cours de théâtre. « Pour voir », avoue Michel. Sa première année en poche et sentant que le milieu artistique commençait à lui plaire, il décide de rejoindre la capitale à 18 ans. « À Paris, je me suis directemen­t inscrit dans des cours du soir même si c’était un peu compliqué de tout gérer entre la fac, les petits boulots et le théâtre ». Mais le Dracénois y arrive et commence à se faire repérer, d’abord pour sa belle gueule. Il signe dans une agence artistique et enchaîne les shootings photo aux quatre coins du monde. « Cette période m’a permis de voyager et, surtout, de me payer ce que je voulais vraiment faire : acteur », précise Michel qui ne souhaite pas être réduit à sa période mannequina­t. Dans ce genre d’histoire vient toujours le tournant, le déclic, qui propulse l’aventure du personnage. Pour Michel, ce fut New York. Alors qu’il n’était encore qu’en troisième année de droit, il décide de rejoindre la Big Apple dans l’espoir de décrocher trois mois de cours intensifs de théâtre. « Je suis arrivé en mars. Je me suis donné une semaine pour trouver une école » m’y suis rendu mais, ayant raté les deux premières sessions, le jury ne voulait pas me faire passer ». Michel tente alors le tout pour le tout. « Je leur ai dit : je ne pars pas tant que je ne joue pas devant vous ». Le directeur de l’école, 92 ans, sort alors d’une pièce et accepte la requête du Dracénois. « J’ai récité un monologue appris par coeur. À la fin, le professeur m’a demandé si je voulais les cours du matin ou du soir. J’ai commencé dès le lendemain matin. ». Il apprendra par la suite que son professeur, Wynn Handman, a formé des acteurs comme Dustin Hoffman ou encore Michaël Douglas, rien que ça.

De Dunkerque à Skam

Quand il revient en France, tout s’accélère. Il termine sa licence de droit, un peu pour faire plaisir à ses parents, et se lance pleinement dans sa carrière. Il enchaîne les seconds rôles et gagne en crédibilit­é auprès des profession­nels. « C’est beaucoup de bouche à oreille dans ce milieu. Quelqu’un te fait confiance et te recommande auprès d’autres personnes, etc.… Il n’y a pas vraiment de règles », analyse-t-il. Petites production­s, courts-métrages, Michel fini par décrocher un petit rôle dans la super production américaine Dunkerque de Christophe­r Nolan (trois oscars en 2 018 N.D.L.R.) dans laquelle il joue un soldat français. « À partir de ce moment, les gens m’ont pris au sérieux » ,observe-t-il. Puis, fin 2017, son agent l’inscrit au casting de la série norvégienn­e à succès Skam dont les producteur­s souhaitent lancer une version française. Mettant en scène le quotidien d’adolescent­s dans un lycée, le réalisateu­r cherche à trouver un « beau gosse », sportif et mystérieux. Du sur-mesure pour Michel. « À ce moment-là, je ne pensais pas que ça allait faire basculer ma carrière », concède le Dracénois. À l’issue de la diffusion de la saison 2 sur France Télévision, centrée sur le couple que son personnage, Charles, forme avec Manon (jouée par Marilyn Lima N.D.L.R.), le succès est au rendez-vous. « Des fans nous ont dédié des blogs. Le couple est un peu devenu l’icône de la série », dit-il amusé. Pris à son propre jeu (d’acteur), Michel est même vraiment tombé amoureux de Marilyn, avec qui il va de nouveau partager l’affiche lors des deux prochaines saisons de Skam, prévues pour 2 019. Quand on vous dit que sa vie est un film…

Je leur ai dit : je ne pars pas tant que je ne joue pas ”

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(Photo A. L.) De retour à Draguignan, Michel Biel nous conte son début de carrière.

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