Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Lanterne rouge et… noire
Les Toulonnais se retrouvent en queue de classement au terme des deux premiers matches d’une saison qui s’annonce encore plus compliquée que prévu
Avec zéro point au terme des deux premières rencontres de la saison, Toulon est à la traîne. Rentrés par deux fois bredouilles, les protégés de Patrice Collazo l’affichent mal. Pas de quoi s’affoler ni dramatiser, certes, mais après deux prestations – la première médiocre, la seconde à peine passable –, le jeune staff toulonnais sait tout le travail qu’il a sur la planche. Une planche qui pourrait d’ailleurs devenir rapidement savonneuse. Certes, les bases paraissent saines, mais la tâche est immense. Collazo et ses deux adjoints se sont retrouvés longuement dans le vestiaire du stade du Hameau, samedi en fin d’après-midi. S’ils ont pu positiver sur l’esprit d’équipe affiché, ils ont bien compris que cet élément primordial ne pouvait suffire pour rivaliser avec des adversaires qui, tout comme Toulon, ne lâchent rien.
Ce mieux n’est pas suffisant
Ne rien ramener de ce déplacement est rageant car cette équipe béarnaise, dotée d’un mental irréprochable, n’avait rien d’extraordinaire. Et les Toulonnais avaient par ailleurs les atouts en main pour ramener « le dix de der ». Au cours des vingt premières prometteuses minutes, on aurait pu croire que les Varois ne feraient qu’une bouchée de cette Section, bien pâle à ce moment-là. Mais pour glaner les premiers points, encore eut-il fallu ne pas se faire contrer à la régulière dans les rucks, où les protégés de Carl Hayman ont excellé, ou encore ne pas commettre autant de maladresses, avec notamment des en-avant à répétition. Dépassés face au Racing 92, (les Rouge et Noir s’étaient fait 80 passes en autant de minutes de jeu), les nouveaux partenaires de Messam se sont montrés – au moins dans les intentions – en progrès à Pau. La belle entame de match, avec un essai à la clef, pouvait d’ailleurs laisser entrevoir un tout autre dénouement que cet échec amer. « À présent, confiait un des très rares supporters toulonnais, désabusé, au Hameau, on ne peut que remonter. » Effectivement, le RCT se trouve tout au fond du classement... un point derrière les promus catalans et grenoblois, qui ne bénéficient pas, loin s’en faut, du même budget. Ce n’est certainement pas le moment de tirer sur l’ambulance rouge et noire toute cabossée. Patrice Collazo, qui affiche vouloir laisser le temps au temps, saura certainement tirer la sonnette d’alarme, cette semaine, pour préparer la venue des champions de France en titre. Les Castrais, forts de deux succès dont un probant à Montpellier, feront tout pour mettre la tête des Toulonnais au fond du seau. Il sera impératif que Toulon entame – au moins sur le plan comptable – véritablement sa saison dimanche prochain face aux hommes de Christophe Urios. Et qu’importe la manière. Seul le résultat importera.
Indulgence demandée
Comme le répète à l’envi l’ancien manager du Stade Rochelais, « si mes hommes parviennent à mettre leur rugby dans le bon ordre, on ne sera pas loin du compte ». Encore faudra-t-il qu’il soit bon. Le nouveau manager demande, à juste titre, du temps. Il en aura bien besoin pour permettre à son groupe renouvelé de trouver la cohésion, la fluidité, les automatismes, les repères communs. L’impatient président du club toulonnais a affirmé en début de saison qu’il faudrait se montrer patient, demandant implicitement au passage aux supporters de se montrer indulgents. Toulon vaut, évidemment, bien mieux que son classement actuel. Pour autant, dans un championnat où le moindre bonus compte, les points laissés en chemin ne se rattrapent pas. Voilà pourquoi il est urgent de réagir.