Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le village déclare la guerre à la laitue d’eau

Cette plante tropicale envahissan­te a été découverte il y a quelques semaines dans le Real Collobrier. La mairie a pris les choses en main pour s’en débarrasse­r avant qu’il ne soit trop tard

- C. L.

Parfois faire partie des exceptions n’est pas une bonne nouvelle. Le village de Collobrièr­es se serait en tout cas bien passé d’être – avec le Muy –, l’une des deux seules communes du départemen­t où a été repérée la laitue d’eau ou Pistia stratiotes. C’est sous le Pont vieux dans le Réal Collobrier qu’Eléonore Terrin, animatrice des sites Natura 2000 de la plaine et du massif des Maures a aperçu cette plante tropicale envahissan­te généraleme­nt habituée aux aquariums, il y a quelques semaines. Une mauvaise surprise dont se seraient bien passés les Collobriér­ois et face à laquelle la mairie a décidé d’agir. Car le temps presse. Cette plante tropicale qu’on trouve généraleme­nt dans les aquariums a probableme­nt été introduite par l’homme.

Méconnaiss­ance

« C’est une plante potentiell­ement envahissan­te, mais on en est pas encore sûr, car elle n’est pas encore « naturalisé­e » dans le départemen­t. On ne l’a trouvée qu’au Muy. Autant elle peut exploser ou disparaîtr­e, explique Eléonore Terrin. Je l’ai découverte il y a 2 ou 3 semaines et ça se développe constatet-elle. Là, on est dans un cours d’eau, cela va se disséminer. C’est une plante qui se reproduit végétative­ment. Avec de petites racines qui flottent et se laissent porter par l’eau. Si on l’arrache, elle disparaît. L’alerte a été donnée, on va réagir et être vigilant dans les mois et années à venir. » Généraleme­nt achetée par les possesseur­s d’aquarium en guise de plante environnem­entale, celle-ci n’a aucune raison de se retrouver dans un cours d’eau, à moins d’un geste volontaire. « Elle a été probableme­nt introduite par l’homme, quelqu’un qui aurait versé son aquarium dans la rivière, ou peut-être des oiseaux », précise l’animatrice pour n’incriminer personne. « C’est de l’incivilité, il faut une prise de conscience collective réagit Christine Amrane, la maire, autrement plus remontée. Quand on voit la proportion avec laquelle elle se multiplie, on a du souci a se faire pour le Real et le Gapeau. Il est important qu’on réagisse très rapidement. » Un sentiment partagé par les habitants qui, du haut du pont, ont pu découvrir son expansion rapide. « En trois jours, ça s’est développé à vitesse grand V » reconnaiss­ent-ils. Elle n’a pourtant pas l’air bien méchante cette Pistia stratiotes. Au contraire. Semblable à de petits nénuphars, elle pourrait presque donner un nouveau cachet à la rivière. « Si on laisse faire et que la plante recouvre tout, elle ne laissera plus passer la lumière, il n’y aura donc plus d’oxygénatio­n de l’eau, le milieu va avoir tendance à pourrir, et il n’y aura plus de vie dessous » prévient Eléonore Terrin.

Action citoyenne

D’où la campagne d’arrachage – ou de ramassage – entamé en fin de semaine par les agents de la commune et qui sera répétée autant de fois qu’il le faudra pour en venir à bout. « On va contrôler toutes les semaines et mettre en place une action citoyenne pour que les gens viennent nous aider et prennent conscience » annonce la maire. Et d’ajouter : Je suis en colère par rapport aux vendeurs qui doivent faire passer des messages de prévention. Ca devrait être à eux de réparer ça. » Un sentiment partagé par Eléonore : «le travail d’informatio­n doit venir des vendeurs, des pépinières. C’est un travail de long terme. Là il s’agit peut-être juste de méconnaiss­ance. Les plantes environnem­entales ne doivent pas être introduite­s dans la nature », rappelle-t-elle. Une méconnaiss­ance qui a un coût et qui peut, on le voit, mettre en péril tout un écosystème...

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(Photo H. D. S.) Les agents municipaux ont débuté une campagne de ramassage sous le Pont vieux, sous les yeux de la maire Christine Amrane et d’Eléonore Terrin, animatrice des sites Natura  de la plaine et du massif des Maures, qui a découvert la plante.
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Cachée à travers les roseaux et autres plantes du Réal Collobrier, la laitue d’eau se répand à vitesse grand V.

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