Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
‘‘Le Var ne doit pas être une réserve de riches seniors’’
Philippe Portal, sous-préfet de Draguignan, a dû annuler ses vacances envisagées en ce mois de septembre. Muté à l’orée de la rentrée scolaire, il exercera désormais ses fonctions en Isère. Avant de quitter le département, il porte un regard acéré sur la
On est toujours partagé entre l’impression de ne pas en avoir fait assez et, quand même, la satisfaction d’en avoir fait un peu. » Le sous-préfet de Draguignan Philippe Portal quitte le Var. Après trois ans de services, il rejoint l’Isère dès cette semaine. Il balaie avec nous l’essentiel de son action durant cette période. Avec acuité et lucidité.
Quel est votre sentiment au moment de faire vos bagages ?
Je pars d’ici avec le regret d’un territoire fascinant par la beauté du paysage et la douceur du climat. Mais aussi par son caractère atypique et sa personnalité forte. L’Est Var n’est pas seulement un espace de vacances, c’est aussi un lieu avec des gens qui ont des projets et font avancer les choses. C’est extraordinaire de voir ce mélange entre le cadre idyllique et les préoccupations sur le plan du quotidien qui sont complexes.
Quel bilan tirez-vous de votre action ces trois dernières années ?
Le point le plus important ici pour moi a été la protection de nos concitoyens, les biens et les personnes. Contre les inondations principalement. Le problème du Var, c’est quand le ciel n’est pas bleu, les vies sont en danger. morts en . à Cannes en même si ce n’est pas dans le Var. La préoccupation majeure, c’est le financement des mesures de préventions.
D’où la mise en place d’un Plan d’action et de prévention des inondations (Papi)...
La sortie du Papi dans un délai aussi rapide, c’est une réussite. Je suis arrivé en , on l’a signé en , avec la mobilisation d’une somme très importante. C’est ma grande satisfaction. Permettre au préfet du Var Jean Louis Videlaine, quand il est arrivé en , de signer ce Papi de millions d’euros de crédits dont % apportés par l’État ( millions d’euros). Savoir que nous allons conduire des travaux importants sur toute la vallée de l’Argens, dont deux projets importants au Malmont à Draguignan et à la Zac de la Palud à Fréjus.
À Draguignan, on attend ce Papi depuis les inondations de …
Il a fallu pas mal d’année pour organiser les collectivités locales, et pour mettre au point le plan. On se rend compte que pour certains détails, il y a encore des débats d’expert, mais c’est normal vu l’importance des enjeux. Mais au final, nous faisons là une oeuvre utile pour les habitants et pour le territoire dans son ensemble. Cette réussite, c’est un travail d’équipe. Coup de chapeau aux services de l’État à Toulon et à Marseille, mais aussi aux élus qui ont réussi à créer un syndicat mixte de communes, porteur du projet depuis .
Y a-t-il eu des difficultés compte tenu de ce nombre important d’acteurs concernés ?
Nonobstant les divergences d’appréciation politique entre les uns et les autres, les élus et les services de l’État ont fait front commun pour bâtir ce Papi.
Reste qu’on continue à voir des permis de construire retoqués par la préfecture…
Nous avons peu de divergences avec les maires en ce qui concerne les restrictions de droits de construire. Ils comprennent que nous sommes attentifs et vigilants. Les visions ne sont pas opposées, même s’il y a parfois des différences d’appréciation.
Avec les maires, les visions ne sont pas opposées. Il y a parfois des différences d’appréciation ”
Un mot sur les pompiers, eux aussi concernés par ce travail ?
La coopération avec les sapeurspompiers, avec les militaires, est remarquable. Ils cultivent le souvenir des inondations de et qui d’autres qu’eux ont cette culture opérationnelle face à ce risque majeur ? D’où une très belle coopération entre le Sdis et la sous-préfecture.
Notamment sur le risque incendie ?
Des pompiers risquent leur vie dans les feux de forêt. L’État reste attentif et mène une politique de prévention et de restriction sur la zone forestière sur laquelle nous sommes vigilants. J’ai gardé un souvenir très fort des feux de au cours desquels j’ai passé trois journées sans dormir auprès du Sdis, au centre opérationnel de Ramatuelle et de La Croix-Valmer.
Quelles difficultés avez-vous rencontré sur cet aspect ?
Les forêts en bord de mer sont des sites touristiques magnifiques. Nous sommes amenés à être souvent restrictifs, chacun comprendra que l’enjeu est tel que nous ne le sommes pas pour le plaisir.
Autre question sécuritaire : le risque terroriste...
Nous avons vécu deux années d’état d’urgence. Nous sommes attentifs à ce risque. Nous avons bénéficié de l’aide des militaires. Ce n’était pas simple au début avec beaucoup de contraintes imposées aux maires et aux organisateurs de spectacles. Ce n’est pas simple, il y a des surcoûts. Mais c’était le prix à payer pour éviter l’annulation des événements.
D’autres sujets de satisfaction ? Outre les avancées menées avec la ruralité, et les contrats signés avec la Communauté d’agglomération dracénoise (Cad) et avec la Communauté de communes du Pays de Fayence (CCPF), je souhaite mettre en avant la politique menée sur le centre ancien de Draguignan. Ce n’est pas qu’une politique répressive, c’est aussi une politique d’accompagnement du renouveau commercial et de logement. À ce sujet, un plan d’action pour la revitalisation du commerce avec des expropriations du commerce vacant va être signé prochainement. L’État soutient la Cad et la Ville en ce sens, et des dispositifs sont obtenus comme