Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Cerner le comportement des baleines pour éviter les collisions avec les bateaux
L’été fut riche en rencontres. Pendant un mois et demi, le Sphyrna a sillonné la grande rade de Toulon et le sanctuaire Pélagos. Le drone a ainsi croisé quelques dauphins mais aussi des cachalots au large du Cap Sicié. Pas de trace de cachalot, en revanche, aux environs des îles d’Or, mais « une production massive de bruit de yachts, de jet-ski ou autres véhicules motorisés qui émettent des bruits assez hauts en fréquence, plus rares que celui du trafic usuel de ferries ». « Ces bruits gênent peut-être les cétacés », suppute Hervé Glotin, chercheur à l’université de Toulon. Quant aux rorquals, ils seraient
« moins perturbés par les activités humaines ». Ce qui s’expliquerait en partie par le fait « qu’ils n’utilisent pas le son pour chasser et communiquer, ou sinon, en plus basses fréquences que les cachalots », éclaire l’expert en détection acoustique.
Carte D
Les scientifiques ont maintenant des millions d’octets de données à
analyser. « Plus on en a, et plus on pourra calculer de manière précise la trajectoire des cétacés », prédit Hervé Glotin. L’objectif étant, à terme, de transposer ces précieuses données sur une carte 3D qui pourra servir de référence aux scientifiques, mais aussi aux capitaines de navires qui croisent la route des dauphins et baleines de Méditerranée. La plupart des bateaux de croisière sont désormais équipés du dispositif Repcet, qui signale la présence des cétacés repérés en mer. Mais pour Hervé Glotin, la mission du Sphyrna sera « encore plus efficace » à ce niveau. Car les collisions avec
les gros navires restent « la principale cause de mortalité pour les cétacés », à en croire François Sarano.
Alors, « en donnant aux ferries des indications de présence acoustique,
argue Hervé Glotin, on augmenterait considérablement le taux de vigilance sur le pont. Ce qui permettrait d’éviter les accidents de ce type. »