Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Bandol : en route. ..pour les vendanges !

Jusqu’à mi-septembre les vignerons de l’AOC s’affairent à l’une des étapes cruciales de la fabricatio­n du vin : la récolte du raisin. Reportage à La Cadière

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La quinzaine de vendangeur­s s’affaire depuis 7 heures du matin au château Romassan à La Cadière. L’équipe s’appelle Patrick ou Loïc pour les plus anciens, mais elle est aussi féminine. « Certains sont ici depuis tellement d’années qu’ils ont parfois même plus de connaissan­ce que moi! Mais c’est logique, ils sont davantage sur le terrain. Alors que moi, aujourd’hui… » Cette précision de JeanFranço­is Ott, l’un des deux propriétai­res du château, résonne comme un hommage aux courageux sans qui ces prestigieu­x domaines ne seraient rien. Avec son cousin Christian Ott, ils sont la quatrième génération à la tête des trois Domaines Ott. Passation effectuée en 2008, qui concerne aussi bien le château Romassan que le Clos Mireille (La Londe) et le château de Selle (Taradeau). Le premier domaine est propriété de la famille depuis 1956. Composé de 74 hectares cultivés, le château Romassan épouse une plaine en contrebas des villages de La Cadière et du Castellet, en plein coeur du territoire de l’AOC bandol. Et l’appellatio­n star de l’ouest-Var n’est pas qu’un nom, mais bien un savoirfair­e avec ses valeurs.

Grappe par grappe

Notamment les vendanges manuelles, grappe par grappe : « C’est le cas dans toute l’AOC bandol et c’est vraiment une bonne chose. La machine abîme trop le raisin, et elle ne sait pas trier ! », constate Jean-François Ott. Les vendangeur­s s’affairent autour de lui, laissant derrière eux sur la terre les grappes indésirées. Mais qu’est-ce qui fait un bon raisin ? « Déjà, il faut comprendre que le bon raisin à manger n’est pas forcément bon à vinifier. Pour le vin, il faut des grappes légèrement acides. Avant, nous mesurions l’acidité par analyse du PH, puis on est revenu à la méthode naturelle qui consiste à goûter », poursuit le vigneron. Cette récolte était appréhendé­e par les vignerons de l’ouest-Var : «Nous avons eu printemps pourri… Mais bon, on se plaint tout le temps ! », relativise Jean-François Ott. Les fortes précipitat­ions ont notamment favorisé le développem­ent du mildiou, un champignon qui assèche les grappes et altère leur développem­ent. Mais les intempérie­s ne vont pas venir gâcher la qualité du produit final.

‘‘ Nous avons eu un printemps pourri… Mais bon, on se plaint tout le temps ! ”

Il suffit simplement d’être un peu plus prudent au tri. Jean-François et Christian Ott vérifient alors scrupuleus­ement cette étape, car ils l’assurent: un raisin pourri au milieu de jolies grappes peut contaminer le goût de toute la récolte en un temps record. La parcelle vendangée ce matin-là est faite de syrah, un cépage que la famille Ott utilise pour ses rosés, un choix courant pour les cultures en plaines.

«%duvin dépend du travail à la vigne »

Sur les versants des collines juste derrière, les vignes de cépage mourvèdre donneront du rouge. « Le sol est plus profond et l’exposition plein sud s’y prête », détaille Jean-François Ott. Des données non négligeabl­es puisque «80 % du vin dépend du travail à la vigne », assure le vigneron. Surtout pour les producteur­s de l’AOC bandol, car « celle-ci exige de ne rien ajouter au raisin », explique Guillaume Tari, président du syndicat des vignerons de bandol. Autant de paramètres qui exigent un timing parfait pour les vendanges. Les deux cousins Ott possèdent des parcelles sur les huit communes de l’appellatio­n, et le début des vendanges n’a pas sonné partout le même jour. Au château Romassan, elles ont débuté le 21 août. Les cousins Ott se réjouissen­t de cette cadence 2 018 car « les vendanges sont assez bien étalées dans le temps. » Rien à voir avec l’été dernier, où tout avait été récolté en deux semaines. Dans ces cas, «ilya un vrai problème de logistique qui nous pousse, faute de moyens humains, à faire quelques sacrifices de timing et à récolter un peu plus tôt sur certaines parcelles » explique Jean-François Ott. Jusqu’ici, tout va bien. Reste à guetter la maturité du mourvèdre, « cépage le plus tardif de France», assure Guillaume Tari.

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Dans ces cuves, le raisin n’est pas encore alcoolisé...
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Sur cette parcelle, la syrah servira à produire du vin rosé, tandis que sur les terrasses à l’arrière-plan, le mourvèdre se destine au rouge.
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Jean-François et Christian Ott, propriétai­res du château Romassan au Castellet.

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