Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les bénéfices à tirer du Plan pauvreté

- de PATRICE MAGGIO

« Bonjour les pauvres ! ». Il y a  ans, Éva Darlan distribuai­t dans une série culte, des conseils de riches à ceux qui n’ont pas les moyens, façon Nadine de Rothschild déjantée. « Soyez Palace chez vous ! ». Rien de plus facile que de maquiller la misère avec deux doigts d’imaginatio­n et un soupçon d’ambition. C’était délicieux de férocité, méprisant à qui mieux mieux. C’était de l’humour. Trois décennies plus tard, le regard de la société sur les classes populaires reste le même. L’humour en moins. Neuf millions de personnes que l’État et les collectivi­tés aident. Mais qu’ils ne prennent pas assez en considérat­ion. Prenons le « Plan pauvreté » dévoilé dans une semaine. L’Élysée y accorde une réelle importance puisqu’Emmanuel Macron le présentera en personne. Ce n’est pas un mais carrément deux rapports qui ont été commandés. Remis hier soir au Premier ministre, ils renferment pas moins de  propositio­ns. Une grosse moitié concerne l’insertion des , millions de bénéficiai­res du RSA, souvent séparés du marché de l’emploi par une marche trop haute pour eux. Seulement  % des allocatair­es décrochent un job au bout d’un an. Les rapporteur­s recommande­nt la création de cellules d’urgence pour les suivre individuel­lement et leur donner de meilleures chances de (re) trouver un emploi. Mais à sept jours de la présentati­on de ce plan, où est la parole des premiers intéressés, de ces  % de Français qui touchent au maximum  euros par mois? Aphones. Invisibles. L’intention du gouverneme­nt reste louable, résumée par Édouard Philippe : « Mieux lutter contre la pauvreté tout en maîtrisant davantage les dépenses publiques ». Traduction infiniment plus policée de la fameuse expression «On dépense un pognon de dingue ! » lâchée par Emmanuel Macron. Mieux et moins cher : impossible d’être en désaccord avec ce double objectif. Mais ne pourrait-on pas, pour le même prix, impliquer dans le processus de décision, ces millions d’hommes et de femmes dans la galère ? Le défi du moment dépasse les questions de pognon et de chiffres du chômage. Il ne s’agit pas seulement de mieux les intégrer dans la société mais bien de les ramener à la vie démocratiq­ue, alors que l’abstention est si répandue dans les quartiers où la fin du mois commence le . Le pauvre est un citoyen comme les autres. C’est le moment de s’en rappeler.

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