Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le château de Hyères Renaud Muselier
Il domine Hyères et son littoral à près de 200 mètres d’altitude. Et l’on aperçoit les tours du château de Hyères de très loin, depuis la mer comme depuis le littoral. Il est construit sur la colline du castéu. Épousant l’aspect conique du rocher, l’enceinte du château s’élève en une succession de niveaux depuis l’enceinte principale percée d’une unique porte jusqu’au donjon, tout en haut, dont il ne reste rien si ce n’est son emplacement supposé. Entre les deux, on trouve deux autres enceintes circulaires, des portes fortifiées.
Imposante forteresse
La visite de l’ancienne forteresse vaut le déplacement. Ce n’est qu’après une raide montée à travers les étroites ruelles de la vieille ville de Hyères que l’on atteint ses ruines. Régulièrement restaurées et progressivement aménagées. Aux détours de chaque virage lorsque l’on emprunte le chemin qui accède au sommet du site, on imagine aisément l’imposante forteresse que les seigneurs avaient bâti. Depuis l’emplacement où se dressait jadis le donjon, on jouit d’un panorama sur toute la côte, de Toulon au Cap Bénat, en passant par la presqu’île de Giens et les Îles d’Hyères. Et deux tables d’orientation permettent de s’y retrouver.
Seigneurs de Fos
Les panneaux explicatifs détaillent l’organisation de la forteresse. Par-delà la première enceinte du château, se trouvent deux enceintes circulaires qui ont été dressées au fur et à mesure que le bourg prenait de l’importance afin de protéger la population. Ce château a probablement été construit par les seigneurs de Fos dans la première moitié du XIe siècle, mais c’est au XIIIe siècle, afin d’affirmer son pouvoir sur la ville, que le comte de Provence Charles Ier d’Anjou a fait édifier une forteresse qui fut l’une des places les plus importantes de Provence. Afin d’éviter toute contestation de l’autorité royale, Louis XIII a fait procéder à son démantèlement définitif en 1620, ce qui explique l’état des vestiges actuels.
« C’est dans la période 10201040 qu’apparaissent en Provence la plupart des châteaux privés, explique Paul Turc, dans son ouvrage Hyères et les seigneurs de Fos,
publié en 2003. Ceux-ci, généralement construits sans autorisation royale, ne furent d’abord le plus souvent que de simples aménagements de plates-formes rocheuses ou des fortifications en terre et bois appelées
“mottes”. » Et ce site fut déjà occupé à l’âge du fer comme en témoignent des fonds de cabanes mis au jour. Le château a reçu de nombreux visiteurs de prestige : Saint-Louis de retour de croisade en 1254; François 1er ; Charles d’Anjou puis Charles IX en 1323 ; la reine Jeanne en 1348.
Démantelé sous Henri IV
S’il a joué un rôle stratégique durant les guerres de religion, le château de Hyères a été détruit pendant cette période par les troupes d’Henri IV et démantelé. Il ne restait alors plus que des murailles écroulées, des maisons sans toiture ou dégarnies de portes et fenêtres. Ou encore des jardins dévastés ou laissés sans culture, une nature en deuil, des monuments en ruines, la forteresse que l’artillerie avait en vain foudroyée et qu’on démolissait pierre à pierre par ordre du Roi. Aujourd’hui, les remparts reprennent presque vie. Tout au long de la visite (gratuite), de nombreuses pancartes sont là pour montrer, plan à l’appui, à quoi ressemblait le château et pour donner de nombreux renseignements utiles. Outre les éléments de défense encore visibles aujourd’hui, un inventaire du XVe siècle mentionne une chapelle, des chambres et des salles, ainsi que des dépendances telles que cuisines, citerne, moulin, cellier, greniers, forge, écurie et bergerie. Aujourd’hui encore, le château offre un exemple d’architecture militaire de la deuxième moitié du XIIIe siècle unique en Provence orientale. Une visite et un voyage dans le temps s’imposent.