Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Syrie : bombardements intensifs contre Idleb
La province d’Idleb, ultime bastion insurgé dans la Syrie en guerre, a été frappée, hier, par les raids aériens russes les plus « intenses » depuis un mois, au lendemain de l’échec d’un sommet tripartite sur le sort de cette province. Ces bombardements constituent une escalade alors que le régime de Bachar alAssad et son allié russe menacent depuis des mois de lancer une opération d’envergure contre cette province du nord-ouest du pays, limitrophe de la Turquie, pays qui soutient les rebelles. Ces raids interviennent alors que les Nations unies ont maintes fois mis en garde contre une « catastrophe humanitaire » qu’entraînerait une telle offensive, avec l’éventuel déplacement de 800 000 personnes. Selon le correspondant de l’Agence France Presse, les raids aériens et frappes d’artillerie ont visé plusieurs localités, dont Khan Cheikhoun, Latamné et alTamania. Un hôpital sous-terrain situé aux abords de la localité de Hass a, en outre, été visé par une frappe ayant endommagé le bâtiment et du matériel.
« Preuves irréfutables » russes
La Russie a de son côté affirmé, hier, avoir des « preuves irréfutables » que les rebelles préparaient une « provocation » imminente à Idleb, sans pour autant dire en quoi elle consistait. Selon Moscou, des responsables du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham – formée de membres de l’exbranche syrienne d’AlQaïda qui contrôle 60% d’Idleb –, du Parti islamique du Turkestan et des Casques blancs syriens – les secouristes en zone rebelle – se sont réunis, vendredi, à Idleb pour « se mettre d’accord sur le scénario de la mise en scène ». « Ceux qui doivent prendre part à la mise en scène de la provocation doivent être totalement prêts d’ici au soir du 8 septembre [hier, ndlr] », a averti dans un communiqué le porte-parole de l’armée russe, Igor Konachenkov. Vendredi, lors d’un sommet à Téhéran avec ses homologues iranien et turc, le président russe Vladimir Poutine a défendu le fait que le gouvernement syrien avait « le droit » de reprendre le contrôle de la totalité du territoire syrien.
Cessez-le-feu rejeté par Poutine
Il a rejeté la proposition d’Ankara d’un cessez-le-feu à Idleb, arguant qu’il n’y avait « pas de représentants des groupes armés autour de cette table » habilités à négocier un arrêt des hostilités. La Russie et l’Iran, tous deux alliés du régime de Bachar al-Assad, et la Turquie ont ainsi échoué à surmonter leurs divergences, en convenant toutefois de continuer à « coopérer » en vue d’une solution pour éviter les pertes civiles. Quelque trois millions de personnes, dont la moitié sont des déplacés, vivent dans la province d’Idleb et les poches insurgées des provinces voisines de Hama, Alep ou encore Lattaquié, selon l’Onu. Huit ONG, dont Save The Children, ont mis en garde, vendredi, contre « la pire catastrophe humanitaire en sept ans de guerre en Syrie », en cas d’offensive.