Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le projet Air redécolle Actu
Lancé il y a deux ans, le projet Air, destiné à évaluer l’intérêt de la recherche de cellules tumorales circulantes chez les patients à haut risque de cancer du poumon, prend un nouvel élan
Démontrer l’intérêt d’un dépistage spécifique et précoce des catégories de population les plus exposées au cancer du poumon: les gros fumeurs présentant une BPCO (bronchopathie chronique obstructive). C’est l’objectif du projet AIR, lancé il y a deux ans par deux éminents médecins et chercheurs niçois, les Prs Paul Hofman et Charles-Hugo Marquette. Quelque 614 personnes, parmi lesquelles de nombreux Azuréens et Varois, ont déjà été inclus. Mais les promoteurs de ce projet, qui repose en grande partie sur la recherche dans le sang de cellules tumorales circulantes (CTC), ont décidé de poursuivre l’étude en recrutant de nouveaux volontaires
: «Nous souhaitons élargir la cohorte au-delà des 614 premiers patients déjà inclus», annonce le Pr Marquette, fermement convaincu que c’est en ciblant précisément les personnes à haut risque que l’on parviendra à réduire la mortalité associée au cancer du poumon. Rappelons que cette maladie reste le plus souvent diagnostiquée à un stade avancé, quand il est trop tard pour pouvoir proposer un traitement chirurgical curatif.
Cellules tumorales circulantes : une aide au diagnostic des nodules ?
Si les résultats de l’étude démarrée il y a deux ans n’ont pas fini d’être dépouillés, il apparaît d’ores et déjà et sans vraie surprise que « l’existence d’une BPCO multiplie par plus de trois le risque de cancer du poumon à âge, sexe et tabagisme égal», annonce le Pr Marquette. La confirmation que le dépistage a bien atteint sa cible. Aucun résultat concernant le lien entre la présence dans le sang de CTC et le développement ultérieur d’un cancer du poumon ne peut à ce stade être révélé ; mais les spécialistesespèrentquelesbiomarqueurs,etnotammentlesCTC, représenteront dans l’avenir un outil capable de les aider à discriminer les nodules. « Environ 30 % des patients chezlesquelsonréaliseunscanner du poumon, présentent des nodules dont on ne peut prédire la nature ni l’évolution ; on demande alors au patient de revenir dans 3 à 6 mois pour contrôler leur évolution.» Difficile en effet d’envisager, comme c’est le cas pour d’autres pathologies, d’aller prélever systématiquement ces nodules situés au milieu du poumon pour analyse. Mais, pour les patients concernés, la perspective de patienter ainsi plusieurs mois, une épée de Damoclès sur la tête, constitue un véritable supplice. « Nous espérons que les CTC pourront orienter le diagnostic précoce.» Aujourd’hui, l’étude redémarre donc. «Nous souhaitons élargir la cohorte pour faire bénéficier d’autres volontaires des progrès réalisés depuis le lancement de l’étude. En effet, aux cellules circulantes, nous allons désormais adjoindre l’étude d’autres biomarqueurs mais aussi nous aider de l’intelligence artificielle pour la lecture des scanners.» La population-cible de l’étude reste les personnes de plus de 55 ans, qui ont fumé pendant au moins trente ans – ou fument encore, et sont atteintes d’une BPCO. Déjà diagnostiquée ou pas. «L’un des symptômes majeurs est un essoufflement à l’effort, renseigne le pneumologue. Les personnes se disent incapables de gravir un ou deux étages sans s’arrêter pour reprendre leur souffle.» Vous remplissez tous les critères ? Vous pouvez faire progresser l’étude Air. Au bénéfice de tous. Et au vôtre en particulier.