Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
BUS REMANIÉS : LES USAGERS EXCÉDÉS
Dans plusieurs communes, des arrêts de bus de lignes Varlib ont été supprimés à la rentrée. Pétitions, réunion publique, les usagers et les parents d’élèves attendent des solutions
Des usagers et parents d’élèves de plusieurs communes de Provence verte ont découvert à la rentrée que des arrêts de bus Varlib avaient été supprimés. Une vraie galère !
Lundi, l’ambiance était électrique dans la salle du domaine Saint-Mitre à Saint-Maximin. Organisée par Alain Decanis, élu d’opposition de la cité de la basilique et conseiller à l’agglomération, la réunion publique avait pour objectif d’apporter des informations sur les modifications des lignes de bus, qui ont pris au dépourvu de nombreux usagers. Dans les communes de Rougiers, Tourves, Pourrières, Nans-les-Pins ou encore Rocbaron, des arrêts de bus ont été supprimés. Pour respecter la loi NOTRe(1), la communauté d’agglomération Provence verte récupère cette année, bon gré mal gré, la compétence transport pour les lignes à l’intérieur de son territoire. D’où la naissance de Mouv’enbus, qui se charge des transports scolaires. En ce qui concerne le réseau Varlib, il est à la charge de la Région, qui souhaite optimiser ses lignes (à lire dans notre édition du 5 septembre).
Renvoi de balle
Pour la Région, le transfert de compétence est l’occasion de modifier son réseau, pour gagner en attractivité. L’objectif est de réduire les temps de trajet et d’occuper les sièges. Raisons pour lesquelles la ligne 4001 évite le détour par le centre-ville de Nans-les-Pins. Philippe Tabarot, numéro deux de la Région, à la charge des transports, le rappelle. « La compétence de la Région concerne les lignes longues. Les dessertes plus fines du territoire sont de la compétence de l’agglomération. » Côté communauté d’agglomération, il est hors de question de mettre en place un réseau « d’affinage » en autofinancement. En attendant, les vrais perdants de cette négociation inachevée, sont les usagers.
Face à la grogne
À la réunion publique, Alain Decanis a invité Gérard Bleinc, maire de Rougiers, Vesselina Garello, membre de la commission transport de l’agglomération, et, en invité d’honneur, Jean-Michel Constans. Ce dernier, maire de Tourves, était présent en sa qualité de vice-président de l’agglomération Provence verte chargé des transports. En face, une quarantaine d’usagers et de parents d’élèves… en colère. Jean-Michel Constans souhaite apaiser les tensions, il prend la parole. « Nous sommes là pour entendre vos problèmes et pour trouver des solutions, pas pour polémiquer. L’agglomération et la Région ne doivent pas s’affronter, mais mieux articuler leur réseau. » Il demande aux personnes présentes d’être indulgentes. « Nous avons récupéré 25 lignes qui desservent les collèges et lycées de l’agglo. Nous avons l’obligation de maintenir ce service sur le territoire, mais les besoins sont beaucoup plus larges. Notre priorité, c’était de transporter ces 5 000 élèves à la rentrée. » Une mère, excédée, l’interrompt et l’invective. « Eh bien c’est raté ! »Le maire de Tourves poursuit. « Chaque année, à la rentrée, il y a des problèmes. C’est normal, il reste des ajustements à faire. »
Des problèmes…
Peu convaincue, l’assemblée s’anime. Des mains se dressent, des voix se lèvent. Il y a autant de personnes présentes qu’il y a de cas particuliers. Une mère habitant Pourrières raconte que son fils, scolarisé, doit traverser la ville de Trets quotidiennement car le bus ne dessert plus son établissement. Il est donc en retard tous les matins. Une autre explique que son enfant doit marcher sur la nationale, sans trottoir ni éclairage, pour pouvoir aller à l’école. L’enfant d’une autre doit attendre plusieurs heures après la fin des cours pour espérer rentrer chez lui, faute de transport. « On laisse des enfants mineurs sur le carreau, ils vont traîner dans les rues. Il ne faudra pas se plaindre si cela engendre de la délinquance. Sans parler du danger, avec l’auto-stop… » Sans compter que deux lignes de bus, cela suppose deux abonnements.
...mais peu de solutions
Jean-Michel Constans se veut rassurant. « Nous nous sommes arrangés avec la Région pour que, jusqu’aux vacances de la Toussaint, les élèves puissent prendre les lignes Varlib gratuitement. Nous allons insister auprès des chauffeurs de bus. » Il propose aux usagers qui rencontrent des problèmes de faire remonter l’information à leur maire. Un père, excédé, prend la parole. « Quand est-ce que les enfants pourront aller à l’école normalement ? » L’élu répond : « Si c’est sur une ligne que nous maîtrisons (Mouv’enbus Ndlr), nous pouvons apporter des modifications. Du reste, il faut attendre qu’il y ait une meilleure articulation avec la Région. » Ces carences de transport entraînent les habitants à prendre leur voiture, ce qui ajoute une problématique en termes de pollution. Comme l’a pointé un parent d’élève à la réunion publique. « Des milliers de gens descendent dans la rue à l’occasion de la Marche pour le climat. Certaines communes prônent la gratuité dans les transports. Et chez nous, où en est-on ? »
Notre priorité, c’était de transporter ces élèves à la rentrée. ” On laisse des enfants mineurs sur le carreau.”
1. Nouvelle Organisation Territoriale de la République