Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Quatre ans à purger pour Jean-Claude Mas

Jean-Claude Mas, fondateur de la société varoise qui a fait des dizaines de milliers de victimes est bien responsabl­e de la fraude géante, a confirmé la Cour de cassation. Ira-t-il en détention?

- SO. B. AVEC E. M. 1. Seule une directrice de service avait accepté la sentence de la cour d’appel d’Aix.

« Cela fait huit ans que cela dure. Et bien, il nous reste plus que l’Europe où les juges seront peut-être plus impartiaux. » Dans son style inénarrabl­e, JeanClaude Mas a réagi, hier soir par téléphone, à la confirmati­on de sa condamnati­on. Provocateu­r sans même s’en rendre compte. « Je pense aux patientes qui sont devenues des victimes. Je fais le maximum pour ne pas m’exprimer. Moins on en parle, mieux c’est pour elles.»

Quatre ans à exécuter

Le septuagéna­ire, fondateur de PIP à La Seyne-sur-Mer, vient de voir sa condamnati­on à quatre ans de prison ferme, le maximum encouru pour une tromperie aggravée, devenir définitive. La Cour de cassation a rendu son arrêt ce mardi 11 septembre, confirmant la décision de la cour d’appel d’Aix-en-provence de mai 2016. L’ultime recours étant une éventuelle saisine de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Insolvabil­ité

En toute logique, JeanClaude Mas devrait être convoqué pour l’exécution de sa peine, qui n’est pas aménageabl­e. Présentera-til des demandes particuliè­res ? Il n’a pas été possible de lui poser la question, ni à son avocat. Cet épilogue judiciaire intervient huit ans et demi après l’éclatement de ce gigantesqu­e scandale sanitaire, en mars 2010. Dans les faits, l’insolvabil­ité des condamnés a contraint les femmes victimes à se tourner vers un fonds de garantie de l’État, pour espérer un tiers de la somme allouée par la justice – dans la limite de 3 000 €. Pourtant, les 7 000 victimes reconnues parties civiles avaient obtenu bien plus – de l’ordre de 7 000 € en moyenne.

Préjudice d’anxiété

Mais il y a un réel motif de satisfacti­on pour Me Philippe Courtois, qui représente près de 2 800 victimes. « Le préjudice d’anxiété, déjà reconnu aux victimes de l’amiante, est pleinement validé par la Cour de cassation ». Il ajoute : « C’est important à mon sens et pour tous les scandales de santé publique.» Une part non négligeabl­e de victimes (celles implantées avant 2006) attendait cette décision pour pouvoir enfin être indemnisée­s. « Pour toutes, c’est une reconnaiss­ance.» Joëlle Manighetti, partie civile engagée dans la prise de parole des victimes de PIP, apprécie que « toutes les femmes puissent enfin faire valoir leur droit à indemnisat­ion, même si les montants sont très décevants ». Considéran­t le quantum des peines, (de dix-huit mois avec sursis à trois ans, dont deux ans avec sursis), elle continue de penser que « des gens qui ont pourri la vie de milliers de femmes s’en sortent plutôt bien ».

Des millions à payer

Avocate de la défense lors des procès, Me Bourdelois avait contesté la culpabilit­é de l’un des cadres, en vain. « S’est aussi jouée la question des intérêts civils qui sont dus solidairem­ent et dont le calcul total monte à des millions d’euros.» Aucun des arguments de droit présenté en cassation n’a été retenu. C’est le premier épilogue du retentissa­nt scandale PIP.

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(Photo Dominique Leriche) Jean-Claude Mas, fondateur de PIP, ici en mai , devant la cour d’Aix-en-Provence.

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