Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pour Dany, ans, c’était une balle perdue William Gomis lui, ne pouvait pas s’en sortir
La violence la plus brutale s’est déchaînée, tard dans la soirée de dimanche, au pied d’un immeuble de La Seyne.Une rafale de kalachnikov, doublée de tirs de 9 millimètres. Deux salves qui ont visé pour tuer. William Gomis, 19 ans, a été fauché. L’ancien joueur de l’équipe de réserve de l’AS Saint Étienne, originaire de La Seynesur-Mer, a été touché par neuf impacts. Les deux calibres utilisés par les tireurs ont été retrouvés sur son corps.
Un ricochet
Quant à Dany, surnom du jeune garçon également décédé, c’est le ricochet d’une balle qui l’a frappé. En plein torse. Grièvement blessé, victime d’une hémorragie sévère, il a succombé quelques heures plus tard à l’hôpital Sainte-Anne à Toulon. Pour lui, un seul projectile a été fatal. Il avait 14 ans, il vivait à Berthe, était collégien à Toulon. Il était dehors, un peu après minuit, près de chez lui, un soir de match de l’équipe de France, à discuter avec d’autres jeunes. Sa vie s’est arrêtée là, sur une balle perdue. « On sait de plus en plus que, dès lors qu’on est proche d’un point de vente de stups, on prend des risques », commente une source judiciaire. Avec amertume. Car ceux qui vivent là subissent.
Tireurs avec cagoules et combinaisons
Les tireurs sont arrivés à bord d’un véhicule, dont aucun signalement n’a été donné. À l’intérieur, les inconnus «ont pris certaines
précautions » lâche-t-on avec autant de précaution. Selon nos informations, les tireurs portaient des tenues semblables à des combinaisons de peintre et des cagoules sur la tête. Au moins deux assassinats récents peuvent laisser penser que des tireurs ne reculent devant rien et ouvrent le feu, coûte que coûte. Le meurtre de Demba Touré à La Seyne, début août 2018, possiblement par erreur. Son allure a-t-elle évoqué une autre personne? En un lieu qui faisait penser à une autre personne ? Cela a suffi pour déclencher les tirs. Ne lui laissant aucune chance. Autre meurtre à la volée, celui d’Ihab Bouzar, 18 ans, à Pontcarral à Toulon, en novembre 2017. La rafale de kalachnikov avait débordé sur les voitures alentour et criblé un mur d’impacts.
Quel mobile ?
Reste ouverte la question du mobile. Mais pourquoi donc William Gomis a-t-il été visé ? Lui qui est revenu de Saint-Étienne il y a à peine deux mois ? Pour lui-même ? Pour son patronyme ? C’est une autre piste de l’enquête, menée dans une grande discrétion par la PJ. « Des groupes n’hésitent pas à se livrer une guerre sans merci », confie une source bien informée de la situation seynoise, que la plupart des observateurs jugent à risque.
« Un mort appelle un mort. Une logique de vengeance s’enclenche,
cela ne va pas s’arrêter », anticipe une autre source avisée. Dans ce contexte, les stupéfiants ne sont pas si loin – une trame de fond qui expliquerait la violence mortifère de ces règlements de comptes. Vu les sommes colossales d’argent en jeu.
Phénomène vu à Marseille
Là où auparavant, les différends se réglaient à coups de poing, voire
de couteaux. « C’est un phénomène qu’on a connu à Marseille, où cela avait commencé de la même façon,
analyse un magistrat à Toulon. Les armes, on les exhibait. Puis on tirait en l’air. On a eu les tirs dans les jambes – plusieurs dans l’aire toulonnaise. Et finalement, les tirs pour tuer. » Comment éviter l’escalade et l’engrenage ?