Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le principe de réalité
« Continuum de sécurité ». Belle formule grandiloquente pour désigner une fatalité plus sournoise : l’Etat n’a plus, désormais, les moyens de notre sécurité. Les députés marcheurs Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue, en suggérant entre autres mesures de rendre obligatoire l’armement des polices municipales, ne font qu’entériner une réalité. Depuis des années déjà, la sécurité est devenue une « coproduction ». Dans les rues de nos villes, qui croisons-nous le plus fréquemment ? Des élus de gauche (pas tous) peuvent se désoler qu’on en soit arrivé là, regretter un monde idéal où les municipaux seraient d’abord de gentils travailleurs sociaux jouant au foot avec les gamins, se désespérer que l’Etat renonce à ses missions régaliennes et se défausse sur les élus locaux. Certes. Mais chacun sait parfaitement que ne seront jamais recrutées les dizaines de milliers de policiers nationaux qui seraient indispensables pour vraiment quadriller le territoire. Qu’on le veuille ou non, les maires pallient, depuis un moment, la faillite de l’Etat. Les policiers municipaux sont au coeur des menaces, plus encore depuis qu’elles surgissent à n’importe quel coin de rue, au gré des illuminations d’un cinglé. Au regard des risques auxquels ils sont exposés, et si l’on veut de surcroît qu’ils réinvestissent, pourquoi pas, des zones de non-droit, mieux vaut les armer. La généralisation de l’armement des policiers municipaux constituera donc un non-événement si elle est avalisée. Plus intéressante sera la manière dont on choisira de renforcer leur formation. Et plus polémique celle dont le gouvernement tentera, sans doute, d’installer des passerelles avec les agents de sécurité privée. Sur ce terrain sensible, inexploré, tout reste à réfléchir et à défricher.
« La généralisation de l’armement sera un non-événement. »