Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Marine Le Pen chahutée
Venue dans le village de la Dracénie pour y dénoncer la « submersion migratoire », la présidente du Rassemblement national a, dans une ambiance tendue, dû écourter sa visite
Après la visite d’une vingtaine de militants de Génération Nation (ex-Front national de la jeunesse) dimanche, c’était au tour de Marine Le Pen de se déplacer hier après-midi à Châteaudouble, village d’à peine plus de 450 habitants qui s’apprête à accueillir 72 demandeurs d’asile dans les toutes prochaines heures. Dans une commune où elle a réalisé un score de 45 % au second tour de l’élection présidentielle 2017, la leader du Rassemblement national (RN) croyait peutêtre arriver en terrain conquis. Il n’en a rien été. Sa visite dans une commune d’ordinaire si paisible s’est même déroulée dans une ambiance des plus tendues. Pas de round d’observation. Marine Le Pen n’a pas eu le temps de descendre de voiture qu’une bordée de huées a fusé de la quarantaine, peut-être un peu plus, de manifestants.
Pelleteuse en marche
Les militants du RN ont alors bien tenté de répondre par une salve d’applaudissements, accompagnés de « Marine ! »,« Marine ! ». La réplique ne s’est pas fait attendre. «Marine, tu n’as rien à faire ici, casse-toi! »« On n’a pas besoin de vous, c’est notre village. » Faisant fi de l’hostilité évidente, ne voulant voir dans les contremanifestants que des « excités d’extrême gauche venus de Marseille », plutôt que de réels habitants de Châteaudouble, Marine Le Pen, accompagnée entre autre du maire de Fréjus David Rachline et du conseiller régional Frédéric Boccaletti, a tenté d’avancer coûte que coûte, de respecter scrupuleusement le programme de sa visite dans les rues de Châteaudouble. Venue pour dénoncer ce qu’elle appelle « la submersion migratoire imposée par l’Union européenne », la présidente du Rassemblement national, protégée par un service d’ordre conséquent, a eu toutes les peines du monde à se frayer un chemin dans les venelles du village. Face à une pelleteuse en marche – « du jamais vu en 24 ans de vie politique », assure Frédéric Boccaletti – elle a même dû se résoudre à faire demi-tour et à écourter sa visite au bout de trois quarts d’heure à peine. Furieux, Frédéric Boccaletti s’en est pris au préfet du Var, « incapable, selon lui, d’assurer la sécurité d’élus ». Appelant à « la démission immédiate » du représentant de l’État, le conseiller régional RN est allé déposer plainte contre X pour « entrave à la libre circulation » et « insultes » à la gendarmerie de Bargemon. Quant à Marine Le Pen, elle est à nouveau attendue dans le Var dès ce week-end. À Fréjus plus précisément, où elle doit faire sa véritable rentrée politique et lancer sa campagne pour les Européennes.