Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Escande voit la vie en Rose
Après un été agité, le tout jeune papa a comblé son retard physique pour pointer dans le groupe toulonnais. Une place de titulaire lui semble promise suite à la blessure de Rhys Webb
Née le 15 juillet. Ce jour-là, l’équipe de France de football était sacrée championne du monde. Et la petite Rose venait au monde pour faire le bonheur de son papa (« déjà gâteau et gâteux», confie-til) et, bien sûr, de Jeanne, sa maman. Depuis la naissance de sa fille, Eric Escande, 25 ans, est un autre homme ; des nuits plus courtes, quelques aléas inhérents à tous les nouveau-nés, etc. Son été a donc été chamboulé, sa préparation physique aussi. Un deuil familial par-dessus n’a fait que compliquer la situation. Mais le joueur n’a pas l’habitude de se cacher derrière tout ça. En retard sur le plan physique, le jeune demi de mêlée a rapidement été rappelé à l’ordre par Patrice Collazo. Le message a été reçu 5 sur 5. «Ses remarques m’ont piqué, reconnaît-il. C’était fait pour et c’était sûrement mérité. Patrice est un homme réglo et franc. »
Une joie toute contenue
Après avoir été laissé au repos en début de saison (n’employons pas le mot « écarté »), l’ancien Montpelliérain est réapparu dans le groupe face aux Castrais. Son entrée avant la demiheure de jeu à la place de Rhys Webb, touché à la cuisse, a été intéressante et porteuse d’espoirs. Mardi, de retour à l’entraînement, le groupe affichait un moral de gagnant, sans se laisser griser pour autant. « On affiche la joie d’une victoire, mais une joie contenue. On est heureux, mais on reste prudent. On se souvient que face au Racing, on a été en difficulté. Il a été difficile d’exister. Puis contre Pau, on domine avant de perdre le fil du match. On voit que les rencontres peuvent basculer n’importe quand, témoigne Escande. Sauf domination flagrante, les décisions de l’arbitre sont vraiment importantes. On l’a vu contre Castres. D’un côté comme de l’autre, pas toutes les fautes ont été sanctionnées. Voilà pourquoi il ne faut pas se polariser sur telle ou telle faute particulière… Cette première victoire à l’arraché, elle nous rend heureux. On avait des choses à se prouver à nousmêmes. Les Castrais, chambreurs, ont été difficiles à manoeuvrer. Ils sont toujours à la limite. »
Toujours une équipe à abattre
«Ça peut même énerver, ajoute-t-il pour expliquer sans justifier pour autant le débordement de Mathieu Bastareaud, auteur d’un geste malheureux. Ce succès, on se l’est “viandé ”. On a un peu tout mis pour s’en sortir. Passer la ligne juste à la fin sans jamais rien lâcher, ça fait plaisir, même si la manière n’est pas encore au rendez-vous. On gagne d’un tout petit point, la victoire n’en est que plus belle. Au final, le scénario est magnifique même s’il aurait été préférable de ne pas se compliquer la tâche. » Toulon toujours attendu un peu de partout? «C’est toujours d’actualité, même si c’est un peu moins criant qu’il y a deux, trois ans, et même si on joue moins bien que lors des années flamboyantes. Nos adversaires aiment toujours se jauger face à Toulon. On reste une équipe à abattre. Est-ce dur à porter ? Je répondrai oui et non. Oui d’un côté parce que l’équipe en face met tout en place pour nous faire tomber, non d’un autre côté car on est préparé pour affronter cette adversité. » Eric Escande gagne chaque saison du temps de jeu en multipliant les feuilles de match. Pour sa quatrième année à Toulon, avec un nouveau staff technique, un changement total d’animation se fait jour. « Tout va se mettre en place, affirme-t-il confiant. Il nous appartient de s’approprier le schéma de jeu. L’évolution à venir va être positive. Avec tout le travail qu’on fait, si ça ne payait pas, il faudrait aller jouer au pingpong. Mais je pense vraiment que les choses vont tourner dans le bon sens. De là à me projeter plus avant dans la saison ? Je ne le ferai pas. Il y a trop d’aléas à prendre en compte. Au cours d’une saison, comme lors d’une rencontre, il peut tout se passer. »
« Il y a davantage de collectif »
Sans donc faire de plan sur la comète, Eric a l’esprit tourné vers le Stade Français, où, en l’absence de Rhys Webb, il devrait bien avoir en main les clefs du camion rouge et noir. Il ne se soucie pas de savoir s’il joue à domicile ou à l’extérieur, tout en reconnaissant que le soutien du public varois pèse : «Il nous donne encore plus envie, il pousse avec nous. » Sur le nouveau staff, le demi de mêlée découvre un Patrice Collazo qu’il ne connaissait pas du tout. «Son tempérament correspond bien à l’équipe. Il se montre sincère avec les joueurs. Le groupe vit mieux », ose-t-il la comparaison. « Il y a moins d’individualités, mais davantage de collectif, diagnostique-t-il, ajoutant : Il faut juste mettre de l’huile de rodage pour que la sauce prenne… » Réjoui de la présence de Titi et Juan (TillousBorde et Fernandez Lobbe) au sein du staff, il se félicite : « J’ai le plus grand respect pour eux. Ces deux garçons simples et intelligents transmettent leur vécu. C’est la suite logique et c’est très bien pour le club. Ils ont tout connu. » Le passage de témoin est assuré. Ses partenaires sont au relais… Et Eric va trouver, si besoin, un supplément d’âme, au nom de sa Rose. Voilà qui devrait faire écho...