Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Il faut développer des nurseries »
La loi permet aux détenues de garder leur enfant jusqu’à l’âge de mois. Est-ce une bonne mesure?
Ne pas séparer la mère et l’enfant, c’est positif mais ce n’est pas la panacée non plus. De façon dérogatoire, on peut prolonger au-delà de mois mais ce n’est pas souhaité, ni par les mères, ni par les professionnels de l’enfance. À partir du moment où l’enfant marche, l’univers carcéral devient extrêmement compliqué. Au-delà de l’âge d’un an, cela pose des problèmes pour l’enfant qui subit l’incarcération de sa mère. Malgré les efforts des surveillantes et des autres détenues, il y a des angoisses, l’impossibilité de se mouvoir et beaucoup de bruit : les clefs, les portes qui s’ouvrent et qui se ferment…
Que préconisez-vous ?
De recourir à l’incarcération de façon exceptionnelle pour les femmes enceintes de plus de trois mois en favorisant des alternatives à l’enfermement (aménagements de peines, bracelets etc.) comme le prévoit la loi Taubira de . Et, puis, dans les prisons, il faut développer au maximum les nurseries. Il en existe dans plusieurs établissements et notamment une de taille importante à Fleury-Mérogis. Cela permet de mettre en place des dispositifs plus développés avec des pédopsys, des psychologues, etc. Cela permet aussi aux mères d’être en contact avec d’autres mères et donne la possibilité d’emmener l’enfant en crèche ou hors les murs quelques heures. Cela permet surtout d’éviter une relation trop fusionnelle mère-enfant avec une rupture en conséquence.
La prise en charge des mères détenues a progressé. Elles n’accouchent plus entravées ou en cellule ?
On reste très vigilants. La loi interdit les menottes ou la présence de surveillantes lors d’accouchements ou de soins gynécologiques. Pourtant, on constate encore trop souvent ce type de pratiques. On a eu le cas, il y a deux ans, de surveillantes dans une salle d’accouchement. C’est illégal. Et plus que ça: c’est un traitement indigne !