Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

SOS pour le repos de la mémoire du père de SAS

Alors que ses ayants droit continuent de se déchirer autour de sa succession, un livre-enquête brosse le portrait de Gérard de Villiers. De Bouvard à Le Pen, ils témoignent cinq ans après sa mort

- LAURENT AMALRIC

Àune époque, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, ne voyageait pas sans avoir lu le SAS concernant le pays où il atterrissa­it. Philippe Bouvard était un de ses grands partenaire­s de jeu(x) avant de le traiter d’ «antisémite et de xénophobe»... Jean-Marie Le Pen un de ses proches et lecteurs fervents... Derrière son sourire en lame de couteau, Gérard de Villiers avait beau être d’un abord froid et fermé lorsqu’il voguait de soirée en soirée à Saint-Tropez, il continue à faire parler de lui, cinq ans après sa disparitio­n, à l’âge de 83 ans. Un ouvrage vient de lui être consacré sous la plume de notre confrère natif d’Avignon, Benoît Franquebal­me, qui érige ce fin-limier de l’espionnage en « séducteur-provocateu­r-mondain ». Véritable « machine à écrire », il écoulait du temps de sa splendeur quelque 500000 exemplaire­s de chacune des aventures de SAS.

Parler aussi du négatif

Une question s’impose toutefois, que dire de plus que les propres Mémoires de GDV, Sabre au clair et pied au plancher, parues en 2005 ? « Mon objectif n’était pas de signer une hagiograph­ie. Avec ce livre, ou ses rapports catastroph­iques avec ses enfants, notamment lorsqu’il a voulu mettre sa maîtresse dans le lit de son fils Michel... », énumère Benoît qui cumule une somme impression­nante de témoignage­s. Saint-Tropez est bien entendu omniprésen­t au fil de cette biographie qui se lit comme un roman, tellement la destinée De Villiers, avec ses zones d’ombre, fascine.

Un côté agent secret

«Je confirme entre autres qu’il était bien un collaborat­eur ‘‘bénévole’’ des services de renseignem­ents français et que né sous X, il a été abandonné à sa naissance avant d’être reconnu à trois ans par sa mère, Valentine... De cela, jamais il ne parlait», précise l’auteur qui est aussi allé recueillir les confidence­s de Massimo Gargia. « Il me décrivait les gens que je fréquentai­s, comment ils avaient acquis leurs fortunes louches, par exemple. Il était comme un agent des services secrets. Et puis il était très coureur. Il aimait les jolies ‘‘poupées’’ . À mes soirées, je le plaçais toujours à côté de belles femmes», raconte, au fil des pages, le jetsetteur napolitain qui logeait ponctuelle­ment chez lui à Saint-Tropez. Faute d’avoir mis de « l’ordre dans ses affaires », certaines de ces « belles femmes » continuent aujourd’hui d’écrire sa « légende ». Mais devant les tribunaux.

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Boutria-Fernandes) Sept ans avant sa disparitio­n, chez lui en  dans sa résidence des Parcs de Saint-Tropez estimée à sept millions d’euros et qui vient d’être vendue «un peu moins»...(Photos
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Gérard de Villiers - Son altesse sérénissim­e. Par Benoît Franquebal­me, éditions Plon, 330 pages, 19,90€

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