Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Steven Freedom de retour à l’instinct primaire

Toulonnais de naissance ayant grandi à La Seyne, Steven Freedom a participé à l’émission télévisée de survie Retour à l’instinct primaire. Une expérience extrême, riche en enseigneme­nts

- PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIAN DALMASSO

Ce mercredi soir, Steven Freedom, Toulonnais ayant grandi La Seyne, passera à la télévision, sur RMC Découverte, dans l’émission Retour à l’instinct primaire. Le concept de l’émission ? Raconter la vie de deux « survitalis­tes », un homme et une femme, qui se découvrent pour la première fois et qui se donnent pour objectif de survivre à un séjour de 21 jours dans les endroits sauvages les plus divers, avec uniquement quelques outils rudimentai­res. En plus d’être seuls au monde, ils sont nus. Sans le moindre vêtement. De retour de son périple, Steven Freedom s’est confié sur son expérience.

Comment vous est venue l’idée de participer à l’émission ?

Pour être très sincère, ça ne m’est pas venu. C’est la production qui est venue me chercher et qui m’a contacté. Cela faisait deux ans que j’étais rentré en France, après un tour du monde de six ans. J’avais repris le boulot, j’étais éducateur spécialisé, mais je commençais un peu à tourner en rond. J’ai dit à ma femme : « J’ai besoin d’un nouveau challenge ». J’avais besoin d’un truc un peu fou. Chaque année, je me faisais un petit défi extrême et là j’avais besoin d’une ascension ou d’un sommet… de quelque chose de nouveau.

Retour à l’instinct primaire,

c’était le défi idéal ?

C’était dingue. Une fois la réflexion entamée, seulement une semaine après, la production me contacte et me propose cette émission que je ne connaissai­s pas du tout. J’en ai longuement parlé avec ma femme et puis j’ai fait un entretien Skype avec eux. Pour moi, c’était vraiment une décision à prendre à deux. C’est quand même un concept particulie­r. Elle m’a dit : « Si tu étais célibatair­e est-ce que tu le ferais ? ». J’ai dit : « Carrément »et elle m’a répondu : « Voilà, t’as ta réponse donc fonce, j’ai confiance en toi ». C’est comme ça que j’ai accepté de monter à Paris faire toute la batterie de tests. C’est vraiment une grosse journée. Tests physiques, psychologi­ques, prises de sang, tests à l’effort, rencontre avec un expert en survie qui calcule ton indice de survie, rendez-vous avec la production… c’est vraiment chargé. Ça, c’était en décembre, et un mois après ils m’ont appelé pour me dire que si j’étais toujours chaud, je partais fin février.

Le départ est arrivé vite…

Oui. Et je n’avais aucune idée sur la destinatio­n. On m’a simplement dit, trois semaines avant, que j’allais en Amérique du Sud, en biotope jungle. À l’aéroport j’ai rencontré un caméraman et un journalist­e. Là, j’ai découvert que j’allais en Colombie, à Santa-Marta. Il faut savoir que deux mois plus tôt, j’avais pris des billets avec ma femme pour partir en juin à Santa Marta. C’est du délire complet, j’ai vraiment halluciné.

... tout comme le début de l’aventure...

Après trois jours dans une petite case en Colombie, seul, on m’a bandé les yeux pour partir au milieu de la jungle et découvrir la personne qui va faire l’aventure avec moi. C’est le moment où on lève les vêtements, on rencontre la fille et le but c’est de tenir  jours avec un objet de survie. Sans rien d’autres. La production n’intervient en rien.

Souvent, les téléspecta­teurs ont des doutes sur la véracité de ce type d’émissions. Qu’en dites-vous ?

C’est la question que je m’étais posée aussi en y allant. Et franchemen­t, c’est fou. Rien de chez rien. Pas un coup de main. Le journalist­e, l’expert en survie et le caméraman n’ont même pas le droit de communique­r avec vous. A certains moments, j’ai senti de l’empathie dans leurs yeux, mais ils ne disaient rien. Ils ne sont même pas intervenus psychologi­quement avec une phrase ou «Gardez la pêche, c’est bientôt fini». Rien, j’ai vraiment été surpris et c’est ce qui fait l’authentici­té de l’expérience je trouve.

Avez-vous été payé pour participer à l’émission ?

Non. C’était l’une des conditions de sélection. Les candidats ne sont pas payés. Tout est pris en charge comme les billets par la production, mais sinon, il n’y a pas de salaire. Et je trouve que c’est bien. Cela permet d’éliminer déjà les personnes qui font ça uniquement pour l’argent.

À l’arrivée dans la jungle, qu’estce qui se passe dans votre tête ? Moi j’étais stressé par rapport à la nudité et le fait d’être filmé. Je n’étais pas du tout à l’aise avec ça. C’était compliqué. Rencontrer une femme que je ne connais pas, complèteme­nt nu, avec autour de moi des gens que je ne connais pas non plus… c’est spécial. Je crois que pour moi ça a été le plus dur. Je me suis vraiment détendu quand j’ai mis la sacoche pour cacher mes parties intimes. C’est ce qui m’a libéré.

Et c’était parti pour  jours…

Oui. Le principe c’est d’arriver à un endroit pour poser son campement et au bout des  jours, il y a un lieu d’extraction. Donc il y a deux grosses et longues marches, en gros. Sinon sur place, le but, c’est de subvenir à ses besoins. Il faut construire un abri protégé de la pluie, faire du feu, c’est capital parce que la nuit ça descend en dessous de  degrés mais aussi pour se nourrir. Ça, c’est les fondamenta­ux.

Comment mange-t-on, quand on est en mode survie ?

On a commencé à aller chasser au bout du troisième jour et par chance, on a attrapé un serpent. Ma binôme travaille dans un magasin de reptiles et rapidement, on s’est monté une équipe de choc. Elle a été extraordin­aire d’adaptation, d’intelligen­ce, de courage, d’observatio­n… moi je suis un peu plus un fonceur. Elle marchait à son allure, son objectif était avec la lance qu’on avait fabriqué de choper le serpent et moi de lui couper la tête derrière. Franchemen­t, j’avoue que lors de la première prise, j’avais le coeur qui battait vraiment, vraiment fort. Mais on l’a chopé et c’était fou. On en a chopé trois dans l’aventure, mais rien d’autre. Juste des grillons, petits criquets. Sinon, on n’a rien bouffé ! J’ai perdu un peu plus de  kg. Déjà que je n’étais pas bien épais, là j’étais carrément mal en point (rires).

Y a-t-il eu des moments de doutes, de tensions, de moins bien dans votre aventure ?

Je crois que j’ai eu une chance incroyable de tomber avec une partenaire qui collait parfaiteme­nt avec ma manière de faire. Dans une situation extrême comme celle-ci, on peut avoir les nerfs à fleur de peau, mais sérieuseme­nt, il n’y a pas eu une embrouille ou de clash. Dès le début, on a compris qu’elle était ma plus grosse force et que moi j’étais sa plus grosse force. C’était fou comme on s’est soutenu.

En  jours, on a mangé trois serpents et des grillons ”

Que retenez-vous, après coup, de cette aventure ?

Beaucoup de choses. Depuis que j'ai fait mon tour du monde, j’essayais de me donner des défis qui pouvaient me faire grandir. Tout en augmentant la difficulté. Là, j’ai vraiment senti que c’était le niveau supérieur. De nos jours, dans notre société, on a accès à tout, tout le temps. Aujourd’hui un voyageur un peu extrême peut par exemple avoir de la WiFi tout le temps. Ce que j’ai cherché à travers cette aventure, c’est de voir de quoi j’étais capable. Jusqu’où mon mental, qui est ma plus grosse force, pouvait m’emmener. Je me suis redécouver­t. Le but, ce n’était pas de faire gonfler mon ego, mais de grandir intérieure­ment. C’est ce que j’ai fait. Quand t’es seul pendant  jours, tu te poses des questions sur ta vie, sur qui tu es, etc. J’ai renoué beaucoup de choses en sortant de cette aventure, j’ai réussi à remettre encore un peu plus de paix dans mon coeur et dans ma vie. Ca, ça demande un vrai travail sur soi.

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? De retour à Cuers, où il habite depuis quelques mois avec sa femme et son fils, Steven Freedom a hâte de découvrir son passage dans l’émission, ce mercredi soir.
(Photo Patrick Blanchard) De retour à Cuers, où il habite depuis quelques mois avec sa femme et son fils, Steven Freedom a hâte de découvrir son passage dans l’émission, ce mercredi soir.
 ?? (Photo DR/ Production­s) ?? Steven Freedom, en Colombie.
(Photo DR/ Production­s) Steven Freedom, en Colombie.

Newspapers in French

Newspapers from France