Le grand bal des prétendants (cieux ?)…

Comme on sent les frimas automnaux, on perçoit, hélas, les élections arriver, hors saison. Au moment où l’on se demande si un coup de pluie va nous ramener des « sanguins » dans les sous-bois, la faune politique est, elle, en avance sur son temps. Ainsi, une sorte de vibration commence à friser au long de mon épiderme qui me laisse à croire que la campagne est lancée. Celle des municipales s’entend. Dans les rangs jusque-là bien soudés des équipes communales, quelques pièces commencent à rogner les soudures. Pendant que dans les clans des oppositions frustrées, on modèle à petites mains les futurs « santons de Provence » qui érigeront l’âne, le boeuf, « lou Ravi », l’instituteur, voire le génie, en tête de série et au coeur du débat. Débat, c’est sans doute trop donner à ce qui, au fil des mois, va prendre les allures d’une joute indigne, loin des combats chevaleresques. Les candidatures vont ainsi se déclarer, prétendants souvent « félons », comme l’a dit Le Pen, pour détrôner le roi. Lui même grisé par l’idée de garder son séant sur le trône. Tous ces gentlemen sont, de fait, dans les starting-blocks, afin de revenir aux sources de la démocratie : lynchage en règle ; irrespect de l’adversaire ; petits meurtres entre amis… (Tu quoque mi fili !) Tout est donc bien balisé sur le chemin de l’infamie, de la diffamation, de la bassesse, avec la formidable énergie que peut donner aux hommes l’avide jouissance de goûter au pouvoir, ou d’y perdurer. Dès lors, même les plus blancs chevaliers vont se muer en bêtes de scène, poussées au cul par une administration qui n’existe que par elles. On va revenir aux instincts primaires, dans une sorte de combat pour la survie, où aucune arme n’est interdite. L’essentiel étant de toucher au coeur. Il est d’ailleurs fou de constater, dans ces périodes de pêche à l’électeur, comment l’élu placide et posé, peut se muer en chasseur sans vergogne. Las, c’est parti pour le grand bal des prétentieux, comme l’aurait dit Simonin…