Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des annonces jugées insuffisan­tes

- P.-L. P.

Outre la remise de décoration, Geneviève Darrieusse­cq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, qui présidait hier la Journée nationale d’hommage aux harkis et aux autres membres des formations supplétive­s, a annoncé une série de mesures. Parmi lesquelles, le déblocage d’une enveloppe de 40 millions d’euros sur quatre ans, qui permettra de revalorise­r de 400 euros l’allocation de reconnaiss­ance des anciens harkis et l’allocation viagère versée à leurs veuves. Mais qui pour l’essentiel (29 M€) viendra abonder un fonds de solidarité destiné, à partir de l’année prochaine, à aider les enfants des combattant­s harkis qui seraient dans la précarité sociale.

« Des mesurettes »

Secrétaire générale de la Fédération des harkis du Var, Jeannette Boufhal, qui a ce titre a participé au groupe de travail harkis voulu par Emmanuel Macron et confié au préfet Ceaux, qualifie les annonces faites par Geneviève Darrieusse­cq de « mesurettes ». Une expression qui dit tout de sa déception. Et d’une grande partie de la communauté harkie d’ailleurs. Dénonçant « l’abandon des harkis après les accords d’Evian… les gros manquement­s de l’État français à l’égard de toute la communauté harkie, notamment dans les camps de la honte… ou encore la politique d’exclusion sur des critères ethniques dont ont été victimes les harkis et leurs familles», Jeannette Boufhal espérait «une réparation juste, une réparation digne, une réparation à la hauteur des préjudices subis », comme elle l’a écrit dans une lettre ouverte adressée au président de la République dans l’été.

« Porter plainte contre la France »

Et quand bien même l’enveloppe a depuis été revue à la hausse (de 10 millions d’euros annoncés en mai dernier, elle est passée à 40M le compte n’y est pas. Pour que « la France se grandisse et sorte par la grande porte de l’Histoire », la secrétaire générale de la Fédération des harkis du Var réclame une triple réparation. « Une réparation morale, matérielle et financière sous la forme d’une loi mémorielle gravée dans le marbre ». Si la communauté harkie n’était pas exaucée, Jeannette Boufhal dit «ne pas être opposée à porter plainte contre la France pour crime contre l’humanité ». Elle n’est pas la seule. Le Comité national de liaison des harkis s’est déjà exprimé en ce sens. Mais pour Jeannette Boufhal, comme sans doute pour bon nombre de harkis, «depuis tout ce temps, entendre le mot pardon aurait déjà été d’un grand réconfort » Et de conclure, pudiquemen­t: « J’aurais tant voulu que mes parents puissent entendre ce mot avant de partir ».

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(Photo Frank Muller) Hier, à La Garde à l’occasion de la Journée nationale d’hommage aux harkis et aux autres membres des formations supplétive­s.

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