Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À manipuler avec précaution
Appartient-il à la médecine d’embrasser les évolutions de la société ? C’est la question fondamentale soulevée par l’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux mères célibataires et aux couples de femmes. L’avis favorable rendu hier par le Comité national d’éthique ouvre la voie à la mise en oeuvre de cette promesse de campagne du candidat Macron. Un candidat devenu président qui a plus que jamais intérêt, en cette rentrée chahutée, à tenir ses engagements. Au terme du débat parlementaire prévu au début de l’année prochaine, la PMA actuellement réservée aux couples hétérosexuels confrontés à une infertilité ne sera plus seulement un procédé clinique destiné à compenser une défaillance pathologique. Les femmes seules ou homosexuelles pourront dès lors recourir à la médecine pour répondre à un « simple » désir d’enfant, ce qui est déjà possible dans onze pays européens. Si les Français sont majoritairement favorables à cette mesure, celle-ci n’est pas pour autant sans risque pour Emmanuel Macron. Car toucher à la vie et aux lois de la nature n’est jamais anodin. Agnès Buzin, ministre de la Santé pragmatique et habile, ne s’y trompe d’ailleurs pas, elle qui a souhaité, il y a quelques jours, que « ce débat ne soit pas hystérisé ». Elle garde en mémoire excès et dérapages lors de l’examen de la loi Taubira. Si on pouvait s’épargner invectives, anathèmes et jugements moraux d’un côté comme de l’autre, personne ne se porterait plus mal. Mais c’est loin d’être gagné. Le couteau entre les dents, la Manif pour tous est déjà en train de confectionner ses banderoles et brûle de battre le pavé. Ne parlons pas des sinistres personnages à la Marcel Campion qui ne ratent jamais une occasion d’entretenir un détestable climat d’homophobie. Il n’empêche : la parole de ceux, des évêques de France à José Bové, qui s’inquiètent des conséquences de cette évolution, notamment pour les enfants concernés, mérite d’être entendue. Il faudra donc que tout ce petit monde puisse faire valoir ses arguments sans que le débat vire à la foire d’empoigne. Une fois cette étape franchie, il ne fait pas de doute que la PMA pour toutes entrera rapidement dans les moeurs. Qui aujourd’hui, seulement cinq ans après son adoption, se risquerait à remettre en cause le mariage pour tous ?
« Il n’empêche : la parole de ceux [...] qui s’inquiètent des conséquences de cette évolution, notamment pour les enfants concernés, mérite d’être entendue.