Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Collective c’est possible Un second souffle pour des chefs au rôle majeur

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Plusieurs cuisiniers de la restaurati­on collective ont participé à un atelier avec Emmanuel Lacaille, chef consultant. Cet ancien du Louis XV, l’établissem­ent d’Alain Ducasse, dont il a intégré ensuite les équipes de formation, a changé de cadre pour transmettr­e son savoir-faire. « Il ne faut pas oublier de valoriser le métier, a-t-il indiqué. Quand on cuisine pour des enfants, avec du bio, on reprend goût au travail ». Un travail qui, exercé en collectivi­té, « a une mauvaise image alors qu’au contraire, c’est très important, ce sont les consommate­urs de demain ». Avec les produits bio, les méthodes diffèrent : « l’épluchage peut ne pas être nécessaire, ce qui est bénéfique car les nutriments sont dans la peau. Les cuissons changent, les viandes bio ont un taux de rendement bien supérieur» a-t-il fait valoir.

Des chefs conscients de leurs responsabi­lités

Ce spécialist­e envisage la formation comme un second souffle donné à ses pairs, par le fait de leur « redonner du plaisir de cuisiner, de transforme­r les produits, de faire plaisir aux enfants en leur apportant de l’innovation, la découverte des goûts, des produits. Il y a un aspect pédagogiqu­e sur le temps méridien. Pour moi, c’est aussi valorisant que d’avoir trois étoiles au Michelin ». Un message reçu cinq sur cinq par des chefs motivés, conscients de leurs responsabi­lités. À l’image d’Emmanuel Chartron, cuisinier pâtissier, responsabl­e de production pour la ville de Saint-Tropez (environ 400 repas/jour), et référent au niveau des produits bio du SIVAD, un syndicat intercommu­nal regroupant 68 communes. « On peut se payer des produits bio qui sont un petit peu plus chers en travaillan­t sur les quantités, les matières premières, en luttant contre le gaspillage, témoigne-t-il. Quand on prépare les menus, on fait des dégustatio­ns à l’aveugle avec des adultes et après avec des enfants. On voit ce qu’ils mangent ou pas ». Dans les cantines de Saint-Tropez, 85 % des matières premières sont des produits frais, 28 % des produits bio. « On vise 38 % de bio fin 2019, 50 % en 2020 ou 2022 ».

Anticiper plus, payer moins, cuisiner autrement

Comment ne pas alourdir la facture ? Les solutions existent : la chasse au gaspillage par éliminatio­n des aliments qui partent à la poubelle (la famille des choux par exemple, très peu appréciés des enfants), l’achat des produits au coeur de leur saison de production, lorsqu’ils sont à la fois les moins chers et les plus savoureux. « Le plus compliqué reste de leur faire manger des légumes » selon Emmanuel Chartron, soucieux de former le goût des enfants. Dans ses établissem­ents, les yaourts sont servis natures, avec des dosettes de 10 g de sucre au lieu de yaourts déjà (trop) sucrés. «Au début, la moitié ne prenait pas de sucre, aujourd’hui, ils ne sont plus que vingt à en mettre dans leur yaourt » se réjouit-il. Les cuistots déploient d’autres stratégies pour éveiller les papilles des tout petits : « A la crèche de Saint-Tropez, on fait tous les jours des soupes fraîches, sinon ils n’auront pas un palais affiné au goût des légumes de saison » précise-t-il. Le gâteau avec de la farine de pois chiches est un autre exemple de l’astuce utilisée par les chefs avant-hier pour faire manger des légumineus­es aux enfants, tout comme les boulettes de viande cuites dans un bouillon à base de légumes… Côté approvisio­nnement, l’anticipati­on est un autre élément indispensa­ble pour le chef de la restaurati­on collective désireux d’intégrer le bio : « Les menus étant préparés quatre à six mois à l’avance, cela permet aux fournisseu­rs de se préparer ».

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Nous devons former le goût des enfants, selon le responsabl­e de production de la ville de Saint-Tropez, Emmanuel Chartron.
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Pour le chef consultant Emmanuel Lacaille (au centre) cuisiner des produits bio valorise le métier.

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