Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pas de hauts, surtout des bas
Depuis le 4 septembre les résidents du l’Aventin sont privés d’ascenseur. La pièce deffectueuse a été envoyée à... Manchester pour réparation. Pendant ce temps, des seniors sont en difficulté
Survenue... le 4 septembre, une panne électronique de l’ascenseur perturbe sérieusement le quotidien des habitants de l’Aventin. L’un des bâtiments de 6 étages des Résidences romaines.
Galère à tous les étages
Gérard Perrin souffre d’une jambe opérée à plusieurs reprises qui l’oblige à marcher avec une canne. Et même s’il n’habite qu’au premier étage, prendre les escaliers est devenu pour cet homme vivant seul, un véritable calvaire. «Je me tiens à la rampe comme je peux pour monter ou descendre, ce qui me prend beaucoup de temps et d’efforts car c’est très douloureux pour moi», confie celui qui, pour réduire ses allers et venues, se fait désormais livrer ses courses par une grande surface. Sa voisine du dessus, Aude Rimbaud, vit également très mal cette situation : «jusqu’à présent, pour soulager ma fille, je prenais tous les week-end ma petite-fille qui est en fauteuil roulant. Mais je ne peux plus le faire», déplore-t-elle. Silence radio Au troisième, Magali Codoul, 90 ans, se remet lentement d’une chute dans la rue, au début de l’été. Pas question donc pour elle de prendre des risques et descendre à pied les étages. «Si mon fils ne venait pas me chercher pour mes séances de kiné ou faire des courses, je ne pourrais plus sortir de chez moi», explique cette résidente de longue date qui a déjà connu des pannes d’ascenseur... Mais jamais d’une telle durée. Encore plus haut, au cinquième, Claude Cherot-Morin, 86 ans et très active, sort au moins 3 ou 4 fois de chez elle par jour et commence sérieusement à fatiguer. «J’ai un genou enflé comme ça», indique-telle en ouvrant les bras. Sa patience est a bout aussi. Mardi dernier, elle et d’autres locataires, se sont rendus à la Gérance Dracénoise, syndic de la copropriété, pour en savoir plus sur cette panne. «On n’est tenu au courant de rien depuis le début, ce n’est pas normal !». Les choses ont bougé depuis. Accompagné du responsable de l’agence immobilière, Antony Alosi, Philippe Brandebourger, directeur de l’agence régionale de la société Thyssenkrupp, chargée de la maintenance de l’ascenseur, est venu hier après-midi à la rencontre des résidents dépités, pour quelques explications... un peu tardives à leur goût. «Nous sommes intervenus le 4 septembre dès que l’on nous a signalé la panne due à la défaillance d’un variateur de fréquence. Nous avons essayé de le réparer sur place puis dans nos ateliers mais sans succès. La pièce fabriquée par Otis a alors été envoyée le 14 à Manchester dans une usine spécialisée multi-marques. Et d’après nos dernières informations, elle vient de nous être renvoyée. Dès sa réception nous interviendrons sur l’ascenseur». «Mais pourquoi avoir fait réparer cette pièce là-bas et ne pas l’avoir changé tout simplement?» s’interroge un habitant. «Le modèle n’existe plus», répond Philippe Brandebourger. «S’il n’y avait pas eu ce branle-bas de combat vous ne seriez pas là aujourd’hui et je trouve très regrettable que nous n’ayons pas été informés durant tout ce temps. J’aurais pu prendre des dispositions pour ma petite fille», intervient Aude Rimbaud. La réponse vient de Daniel Molina, expert spécialisé dans les ascenseurs. Et elle est cinglante pour le représentant de ThyssenKrupp: «cette information incombait à votre société, c’est marqué dans le contrat de maintenance que vous avez signé avec le conseil syndical des Romaines. De plus, vous êtes tenu d’avoir ce genre de pièce en stock. Vous vous êtes fait piéger par cet incident majeur ! Et si les pièces n’existent plus, il vous faudra moderniser l’ascenseur et les remplacer par d’autres». Philippe Brandebourger promet de rectifier le tir. Surtout que le contrat prévoit également que toute panne doit être réparée dans les 48 heures, après sa détection. A l’Aventin, on est très loin du compte...