Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La Ville s’engage à rouvrir
UN CHEMIN PRIVATISÉ ILLÉGALEMENT À ST-MAXIMIN
C’est une affaire qui dure depuis près de trente ans. Au début de l’année 1989, Pierre Burel, propriétaire des domaines de Cadrix et de Clapier, entre SaintMaximin et Bras, décide que le chemin du Moulin, qui passe entre les deux, n’a plus vocation à recevoir la circulation publique et en fait barrer les accès. Sauf que... « Ce chemin est classé au cadastre en tant que “chemin rural” appartenant à la commune. Il est celui que les Saint-Maximinois ont emprunté pendant des siècles pour se rendre au moulin de la Bouisse pour y moudre leur grain. Le caractère public du chemin est reconnu officiellement dès la rédaction du cadastre napoléonien de Bras (1839) », rappelle Alain Decanis, davantage historien qu’opposant maxi- minois pour l’occasion.
Une partie du chemin volontairement détruite
Côté Bras, le maire de la précédente mandature (2008-2014), Angélique Frémion, était parvenu à obtenir la réouverture de l’accès. Sa mise en demeure a, depuis, été « oubliée » et l’accès barré à nouveau. Plus grave, toujours côté Bras, le chemin a été détruit sur une vingtaine de mètres : un profond fossé y a été creusé, contraignant les promeneurs à s’en écarter pour transiter par la propriété privée.
Saint-Maximin tente la cession
Côté Saint-Maximin, le dossier a régulièrement été porté à l’attention de la municipalité. Ainsi, le 18 février 2009, le maire Alain Penal avait été interpellé en conseil municipal par Alain Decanis. Sans résultat. Le 17 juillet 2017, la mandature actuelle entame – suivant une proposition de Pierre Burel – une procédure de cession de la partie privatisée du chemin. Avant de lancer l’enquête publique, la police municipale constate que « le chemin n’est plus utilisé par le public » à hauteur des propriétés Burel, une condition nécessaire pour entamer une procédure de cession. « La police municipale est venue sur le chemin du jeudi 22 au mercredi 28 juin 2017, en pleine canicule, à 9 h, 10 h, 11 h, 14 h 30 et 17 heures, soit 5 jours sur 365, mais pas le samedi et dimanche, à une période de l’année où, à ces heures-là, les gens sensés ne sont pas dehors en colline, ou travaillent », avait alors dénoncé la conseillère municipale d’opposition Joëlle Silvy-Alibert. « De plus, les utilisateurs se font refouler et menacer depuis des années », assurait-elle. Une accusation appuyée aujourd’hui par Daniel Depetris et Roger Coruzzi, membres de l’association de randonnée maximinoise « A Pedibus » (1). Le second raconte notamment qu’il a cessé de parcourir le chemin à cheval il y a quelques années, après avoir été « coursé par un 4x4 et invectivé par un homme lui demandant de quitter la propriété ».
Une enquête publique aux conclusions claires
Le 31 mars, l’enquêteur public (2) rend ses conclusions. L’avis est ainsi résumé : « Sur le fond, le public regrette fortement la disparition d’un chemin de randonnée très prisé. Sur la forme, le public réprouve l’appropriation faite par le propriétaire du domaine ». En coulisse, certains observent que la décision de cession ne semble pas faire l’unanimité au sein même de la majorité municipale. En conséquence, le 28 juin dernier, le conseil municipal de Saint-Maximin vote le refus de la Ville de donner suite au projet de cession. Le chemin du Moulin est et restera public. Interrogé, au terme du vote, sur l’action qu’entend entreprendre la Ville pour faire exécuter sa décision – c’est-à-dire faire retirer les obstacles qui barrent le chemin –, le maire, Horace Lanfranchi, avait répondu sans sourciller que «le nécessaire sera fait dans les meilleurs délais ». Plus de trois mois se sont écoulés depuis le vote. Ce jeudi, le chemin du Moulin était toujours barré. 1. www.apedibus.fr
2. L’enquête publique visant à connaître les doléances de la population quant à une éventuelle privatisation du chemin a été décidée en conseil en février, annoncée les 23 février et 16 mars, et réalisée du 12 au 27 mars. Trois permanences ont été organisées, treize personnes reçues, onze inscriptions portées au registre et vingtquatre mails reçus.
Sollicité par la rédaction le septembre, Pierre Burel n’a pas répondu au message qui lui était adressé, dans lequel il lui est demandé sa position et ses intentions quant à la décision municipale.