Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
UNE MINISTRE POUR RASSURER LES MAIRES DU VAR
La ministre auprès du ministre de l’Intérieur, spécialiste des collectivités territoriales, était hier à Draguignan. Elle a tenté de rassurer les maires varois et a rejeté toute volonté de recentralisation
Dans un climat de tension et de défiance, Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur s’est rendu au salon des maires du Var pour tenter de renouer avec les élus locaux. Visiblement, la meilleure défense, c’est l’attaque.
En dépit du ton feutré de Jean-Pierre Véran, président de l’Association des maires du Var (AMF 83), Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, était attendue de pied ferms hier à Draguignan, où se tenait le second Salon des maires, des élus locaux et des décideurs publics du Var. Mais en bonne habituée des terrains minés, la « Madame collectivités territoriales » de la place Beauvau ne s’en laisse pas facilement conter. Et avec ses faux airs de « M », la sévère directrice du Secret intelligence service dans les films de James Bond, elle n’a visiblement pas peur d’aller à la « castagne » politique. Non pas avec son hôte Jean-Pierre Véran… Même si le président de l’AMF 83 ne s’est pas privé de rappeler quelques vérités à la ministre. « Les maires sont déçus de ne pas avoir été entendus sur la question de la gestion de l’eau et de l’assainissement. C’est une compétence qu’ils souhaitaient conserver », a ainsi déclaré le maire de Cotignac. Avant de conseiller au gouvernement de « ne pas perdre de vue que la richesse du pays, ce sont ses 35 000 communes et les 500 000 élus qui les gèrent ».
« Le gouvernement a pu commettre des erreurs »
Invitée à prendre la parole, Jacqueline Gourault a dégainé contre de plus gros gibiers. Et c’est aux critiques entendues plus tôt dans la semaine du côté du Vieux-Port de Marseille qu’elle a tenu à répondre point par point. Accusant Dominique Bussereau, Hervé Morin et François Baroin de « posture politique » lorsqu’ils évoquent «une rupture des élus locaux avec le gouvernement», la ministre assure que la vérité est toute autre. «Le gouvernement continue de travailler tous les jours avec les associations d’élus. Notamment au sein de la Conférence nationale des territoires, une instance créée à leur demande ». Reconnaissant volontiers que « le gouvernement a pu commettre des erreurs », Jacqueline Gourault insiste : « Il y a une volonté de dialogue, encore faut-il que nous ayons des interlocuteurs en face ». Et d’avertir: « Il faut discuter et ne pas adopter la politique de la chaise vide, sinon ça se termine mal ». Solidaire de son gouvernement accusé de « recentralisation », la ministre a été très clair sur ce point. «Le gouvernement actuel assure la continuité républicaine. Il gère une situation dont il a hérité, mais ne fera pas de grande réforme territoriale», a-telle déclaré. Avant de rassurer les maires présents : « Le gouvernement n’a pas l’intention de supprimer quelque commune que ce soit. Entre l’État et les collectivités territoriales, nous avons vie commune et sort lié ». Pas du tout convaincu par les propos de la ministre, Hervé Stassinos est revenu à l’attaque en dénonçant le remplacement de la commission départementale, qui décidait jusqu’à présent des villes à mettre à l’amende car ne respectant pas le pourcentage de logements sociaux, par une commission nationale. « Comment appeler cette décision sinon de la recentralisation ? »,a demandé le maire du Pradet. Piquée au vif, Jacqueline Gourault a invité Hervé Stassinos à « convaincre [ses] amis de voter la réforme de la Constitution qui prévoit un droit à la différenciation prenant en compte les spécificités des territoires ».
1. Le président des Départements de France, le président des Régions de France et le président de l’Association des maires de France, réunis mercredi dans la cité phocéenne, ont lancé l’appel de Marseille.