Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Succession Molins : pas le fait du prince selon la garde des Sceaux

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icole Belloubet a fermement rejeté, hier, les accusation­s d’« interNvent­ion

» d’Emmanuel Macron dans la désignatio­n du successeur du procureur de Paris François Molins [photo AFP], rappelant que le titulaire de ce poste est nommé par le chef de l’État, et qu’il n’est « pas anormal qu’il y ait un dialogue » avec lui. «Il n’y a pas d’interventi­on (du président), ce mot-là n’est pas opportun», a déclaré la garde des Sceaux à la presse à Pau, en marge du congrès de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritair­e), où elle est invitée. « Nous avons une organisati­on de la justice française où les magistrats sont indépendan­ts, cette indépendan­ce est écrite dans notre constituti­on », et « le président de la République est garant de l’indépendan­ce de l’autorité judiciaire », a souligné Nicole Belloubet. Mais les procureurs, « parce qu’ils sont porteurs d’une politique publique définie par notre gouverneme­nt [...], il va de soi qu’ils s’inscrivent dans une ligne de hiérarchie », a-t-elle ajouté. « Ce n’est pas nouveau que les procureurs soient nommés par décret du président de la République, il n’y a pas là de nouveauté. » De ce fait, « il n’est pas anormal qu’il y ait un dialogue qui s’instaure avec le président de la République et le garde des Sceaux sur l’ensemble de ces postes », a insisté la garde des Sceaux. Elle a également réaffirmé qu’il n’était « pas du tout anormal de proposer le poste à d’autres candidats », dès lors qu’un amendement qu’elle va proposer, va « changer la nature du poste de procureur de Paris en créant par dissociati­on un poste de procureur anti-terroriste ». Donc « certains candidats qui avaient postulé ont vu la nature du poste évoluer », a-t-elle dit. Après un nouvel appel à candidatur­e lundi, qui a pris par surprise le monde de la magistratu­re, l’Elysée s’est vu accusé ces derniers jours d’interventi­on, en rejetant des candidatur­es retenues par la chanceller­ie. Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a accusé Macron de vouloir « imposer sur la justice des amis et des hommes de confiance », retardant « pour des raisons politicien­nes » la désignatio­n d’un poste clef « en pleine menace terroriste ».

Grogne dans la magistratu­re

Selon Le Monde, le Premier ministre Édouard Philippe, après la garde des Sceaux, a reçu trois candidats, « dans une forme inédite d’examen oral » .Une source gouverneme­ntale a indiqué que seuls deux des trois ont été reçus, cet été. A Pau, la présidente de l’USM Virginie Duval, pointant devant la presse la « grogne » existante, a estimé que « la réponse de la ministre n’était pas à la hauteur des insatisfac­tions ». « La ministre a répondu en rappelant les textes et les textes actuelleme­nt permettent au gouverneme­nt d’avoir la main mise sur la nomination », a-t-elle regretté, « elle l’a dit et c’est quelque chose de parfaiteme­nt assumé ». Cela « a toujours été possible, mais c’est un retour en arrière, les procureurs sont nommés de manière politique et c’est cela qui pose problème. La Constituti­on le permet et c’est pour cela que la Constituti­on doit être revue », a affirmé Virginie Duval. « Il est totalement inadmissib­le que le procureur de la République, quel qu’il soit, soit nommé par l’exécutif. Cela laisse une suspicion sur ses décisions », a-t-elle assuré en évoquant des « précédents ». « C’est possible dans les textes, c’est ce qui pose problème en France », a-t-elle répété.

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