Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Sortir du conservatisme
Le Pr Lionel Rostaing, qui exerce aujourd’hui à Grenoble, est un des pionniers de la transplantation rénale ABO incompatible.
Quel est le profil type du couple donneur vivant receveur ?
La majorité du don vivant de rein s’effectue entre conjoints, souvent d’un certain âge, avec une vie derrière eux, mais aussi des projets de vie que la dialyse et ses contraintes compromettent.
Combien de donneurs vivants sont-ils récusés du fait d’une incompatibilité ?
Environ %. Pour eux, il n’y a plus qu’à attendre, très longtemps souvent, un rein issu d’un donneur décédé, en continuant d’être dialysé.
Quand parle-t-on de greffe incompatible ?
Il existe deux types de greffes incompatibles entre donneur et receveur. Les premières sont liées aux groupes sanguins. Dans ce cas, pour pallier cette incompatibilité, on procède avant la greffe, à une séance de plasmaphérèse : on retire du plasma tous les anticorps dirigés contre le groupe sanguin du receveur. On obtient environ % de succès à an. Il peut aussi exister une incompatibilité en termes de groupes tissulaires (HLA). Le risque alors si on greffe un rein, c’est qu’il soit rapidement détruit par le receveur. Dans ce cas, on peut rendre ces groupes compatibles en traitant le sang du patient dans des colonnes qui absorbent les anticorps. On a un peu moins de bon résultats : % de réussite à un an. Mais les anticorps peuvent réapparaître.
Pourquoi la greffe incompatible se développe si peu ?
Il existe une forme de frilosité. S’agissant de donneurs vivants, on a toujours peur de leur faire courir un risque. Il est vrai aussi qu’il y a quelques années encore, ces greffes se soldaient souvent par des échecs. Aujourd’hui c’est beaucoup moins vrai. Et notre objectif est de faire sortir les médecins du conservatisme qui empêche les choses d’évoluer.
Les traitements anti-rejet sont ils différents pour ce type de greffes ?
Avant la greffe, le traitement est effectivement plus fort que pour les greffes compatibles. C’est la raison pour laquelle, seuls les patients présentant un état de santé correct peuvent être candidats. Et ils doivent être âgés de moins de ans.