Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les puncheurs à l’honneur
Dans les montagnes du Tyrol, le titre semble promis à un dévoreur de reliefs après trois éditions enlevées par le même homme, l’ogre slovaque Peter Sagan
Le championnat du monde annuel de cyclisme change de registre, aujourd’hui à Innsbrück (Autriche), sur un parcours accidenté où la couronne suprême devrait coiffer la tête d’un puncheur ou d’un grimpeur. Julian Alaphilippe, premier favori si l’on se fie à l’avis des bookmakers, refuse d’écarter l’imprévisible Peter Sagan, lauréat des trois précédentes éditions, de la liste des vainqueurs potentiels. Mais, au regard de l’extrême exigence du parcours, l’un des plus durs de l’histoire avec 4670 mètres de dénivelé positif, l’équivalent d’une grande étape de montagne du Tour de France, les chances du Slovaque sont des plus réduites au départ des 26 kilomètres. « C’est un parcours difficile et j’aime quand c’est dur » ,annonce Alaphilippe, séduit par le « Höll », l’enfer des Autrichiens, le mur très raide avec un passage à 28% situé dans les dix derniers kilomètres. « La bosse est hyper-dure et elle vient surtout après 250 kilomètres », ajoute le Français pour qui la course est plus sélective encore que le mur de Huy où est jugée l’arrivée de la Flèche Wallonne qu’il a gagnée en avril dernier devant l’Espagnol Alejandro Valverde, autre homme à suivre de près à Innsbruck. La France, qui n’a plus gagné depuis 1997 (Laurent Brochard à San Sebastian) mise évidemment sur Alaphilippe, vainqueur de la Clasica San Sebastian début août sur sa lancée du Tour de France (deux étapes et le maillot de meilleur grimpeur). Prête à d’autres scénarios, elle dispose en réserve de Thibaut Pinot et Romain Bardet, habitués à gagner des étapes de montagne dans les grands tours.
Les frères Yates ont les mains libres
Seule course de l’année (avec le championnat continental) disputée suivant la formule des équipes nationales, le rendez-vous annuel contraint à une cohabitation forcée entre leaders d’équipes de marque habituellement rivaux. Entre Vincenzo Nibali et Gianni Moscon dans la « Squadra Azzurra », entre Wout Poels, Steven Kruijswijk et Bauke Mollema dans l’équipe des Pays-Bas, entre Rigoberto Uran et Miguel Angel Lopez (Colombie), Tim Wellens et Dylan Teuns (Belgique). Dans d’autres sélections, la hiérarchie est plus évidente. En faveur de Primoz Roglic (Slovénie), de Dan Martin (Irlande), de Michal Kwiatkowski (Pologne), de Michael Woods (Canada) et, bien sûr, des Britanniques Simon et Adam Yates, les frères jumeaux qui ont les
“On
a un collectif fort. Le but est de gagner la course. Alors, il ne faudra pas se mentir, celui qui est vraiment fort, on jouera pour lui.”
THIBAUT PINOT
mains libres dans l’équipe britannique après le forfait de Chris Froome et de Geraint Thomas. Devenu dominateur dans les grands tours, le cyclisme britannique n’a gagné que deux fois dans l’histoire quasi-centenaire des championnats du monde (1927 pour les professionnels). Le dernier titre ? Mark Cavendish en 2011 sur le circuit de Copenhague à l’opposé, par son absence de difficultés, de celui d’Innsbrück. Un gouffre, qui s’est chiffré en minutes, a séparé la Néerlandaise Anna van der Breggen de ses rivales dans la course dames des championnats du monde, hier, sur l’éprouvant circuit d’Innsbrück. Championne olympique en titre, « VDB » a survolé la course, qui a dépassé le cap des 150 kilomètres. Elle a relégué sa suivante, l’Australienne Amanda Spratt, à plus de trois minutes et demie.