Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les aides et renforts arrivent
L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ SOUTIENT L’HÔPITAL DE BRIGNOLES
La 11e journée régionale de la Fédération Hospitalière de France (FHF) s’est déroulée, comme chaque année en raison de sa position géographique centrale, au Golf de Barbaroux. La FHF est l’interlocuteur privilégié de l’ARS (agence régionale de santé), institution publique qui décline la politique de l’Etat en matière de santé. Tous les directeurs d’hôpitaux publics étaient invités à mener une réflexion autour du thème « parcours de soins de la personne âgée ». Étaient présents Alain Milon, président de la commission des affaires sociales au Sénat ; Zaynab Riet, déléguée générale de la FDF et Claude d’Harcourt, président de l’ARS, qui nous a accordé une interview.
Combien y a-t-il d’hôpitaux publics dans la région ?
Une soixantaine d’hôpitaux publics pour une part de marché de à % sur la médecine ou la chirurgie. Il y a des clignotants sur lesquels il faut être attentifs en terme d’activité car elle est stagnante. En terme de valorisation, on ne progresse pas et pourtant, les hôpitaux publics sont la colonne vertébrale du système de santé. Il nous faut investir et innover. C’est pour cela qu’il est utile de se retrouver et de faire un point. C’est aussi pour nous, ARS, l’occasion d’encourager les Groupements Hospitaliers de Territoire (ou GHT).
Dans un GHT, il s’agit de mutualiser les moyens...
Exactement. On met en commun ce qui peut l’être. Les achats, les systèmes d’informations quand on peut et la formation mais c’est aussi et surtout l’occasion de construire des filières pour améliorer la prise en charge des patients. Par ailleurs, un GHT doit s’ouvrir au privé non lucratif et au privé tout court parce que, sur un territoire, l’important, c’est que le patient soit pris en charge. Sur un petit territoire, quand il y a un secteur privé et un secteur public, il faut que les deux travaillent ensemble. (...) La concurrence est utile et stimule. Elle oblige à être meilleur. Et il ne faut pas oublier que la santé est financée par nos contributions, notre assurance. Il faut s’assurer qu’il n’y a pas trop de doublons, que les soins sont pertinents et qu’il n’y a pas de surenchère.
Vous avez évoqué l’innovation. Dans quels domaines ?
Nous souhaitons que le secteur sanitaire dans son ensemble soit un secteur d’innovation. Pour la première fois, nous avons lancé un appel à projets, dotédeM €. Nous retiendrons une vingtaine de projets, publics ou privés, examinés par trois experts hors de la région. Il y aura une « Journée de l’innovation », l’été prochain, pour que tous ceux qu’on a retenus puissent présenter leurs projets. Nous allons donner le résultat de cet appel à projet dans les jours à venir.
Quand on dit innovations, on pense logiquement aux nouvelles technologies...
Oui mais pas seulement. Ça concerne une meilleure organisation, un meilleur suivi des patients ou de l’articulation des moyens. Nous avons lancé, simultanément, un autre appel à projets pour aider, cette fois-ci, les hôpitaux publics dans leurs efforts d’équipement. Vous l’entendez souvent : les établissements en difficulté font de gros efforts, comme Brignoles et ils n’arrivent plus à investir suffisamment pour s’équiper. Donc, nous avons créé un fonds spécifique d’investissements deM €, effectif dès la fin . Il servira à acheter du petit matériel, du brancardage, etc.
Vous avez investi M€ dans le nouveau pôle des urgences de Brignoles qui ouvre en novembre, c’était un gros dossier...
Ce n’est pas un mystère de dire que Brignoles est en difficulté. Nous avons renouvelé un peu le management. Le précédent a fait un très beau travail. Il y a maintenant un nouveau directeur qui va redonner un nouveau souffle. Nous avons confiance dans l’hôpital brignolais, qui joue un véritable rôle de proximité. Cet établissement était sous administration provisoire (ce qui n’est plus le cas), mais nous allons continuer à l’accompagner et j’ai bon espoir que Brignoles, dans deux ans, sera différent du Brignoles d’aujourd’hui. Je ne suis pas inquiet là-dessus mais ça demande de l’énergie.
De nouvelles spécialités vont-elles s’installer, comme la cardiologie ?
Nous avons demandé au nouveau directeur, M. Lamouroux, de nous présenter son projet médical. Un projet qui tient compte de l’acteur privé sur place parce qu’à Brignoles, on ne peut pas se marcher sur les pieds. Il faut qu’on recherche cette complémentarité entre public et privé car le GHT ne peut pas tout.
Dans cet établissement, comme partout, il y a une pénurie de médecins...
Il existe une solution : des assistants à temps partagés. Ce sont des jeunes qui sortent du circuit de formation mais qui n’ont pas encore un poste de chef de service. C’est un dispositif extrêmement efficace : cette personne est rattachée à un gros établissement (un CHU) mais la moitié de son temps, elle va dans un établissement périphérique. Ce qui fait que la personne continue de progresser dans sa formation avec le CHU, mais, en même temps, elle exerce en périphérie. Et c’est nous qui définissons la spécialité concernée ainsi que l’établissement. Brignoles a vocation à bénéficier de ces assistants. De onze en , il y en aura fin sur l’ensemble du territoire de Paca. Gap, par exemple, territoire très excentré, a ce type de profil. C’est une forme de réponse à la problématique de recrutement.
Dans le Var, la maternité de Gassin/Saint-Tropez a des craintes quant à une éventuelle fermeture...
La démarche est très claire et transparente. Nous avons demandé l’expertise de deux grands spécialistes reconnus, dont le président de la commission médicale d’établissement des Hopitaux civils de Lyon et à un de ses collègues. Nous comprenons que la maternité de Gassin joue un rôle utile, mais nous avons un problème de recrutement ainsi qu’un petit nombre d’accouchements.
En dessous de ...
Oui. On dit même que le point d’équilibre se situe plutôt autour de . Ça veut dire qu’il arrive qu’un praticien ou une infirmière ne fasse aucun accouchement dans la journée. Ça peut présenter des problèmes de qualité et de sécurité. Nous sommes très pragmatiques. Je voudrais vous signaler que l’hôpital vit grâce aux subventions de l’ARS : nous lui apportons des aides de trésoreries régulières. Il y a donc une question d’équilibre économique mais c’est d’abord une question de qualité et sécurité des soins. Nous aurons le rapport d’ici à la fin de cette année. Il va être élaboré avec des spécialistes, des élus... Ce rapport ne dictera pas la décision de l’ARS, mais c’est un élement dans le paysage. Je préfère prendre une décision sur des bases objectives et raisonnées.
Des infirmières d’astreinte la nuit dans toutes les maisons de retraites ” Brignoles sera aidé dans l’achat d’équipement ”
Le thème abordé aujourd’hui [hier, ndlr] est le parcours de soin de la personne âgée : une question très importante dans le territoire...
Oui. Nous avons défini sept parcours. Celui dont on va le plus parler à l’avenir, c’est celui de la personne âgée. Il existe une plateforme téléphonique à disposition des patients et des médecins. C’est une expérimentation qui marche très bien autour de Draguignan. Ce dispositif, appelé « Paerpa Haut Var », renseigne sur la palette de services dont une personne âgée peut avoir besoin. Je veux dire aussi qu’en , nous allons généraliser, dans toutes les maisons de retraites du Var, le système des infirmières d’astreinte de nuit. C’est un vrai plus. Testé l’an dernier, il a montré son efficacité.
Faut-il favoriser l’hospitalisation à domicile, au regard du manque et/ou du prix élevé des places en maison de retraite ?
Les personnes âgées aspirent à rester le plus longtemps possible chez elles. Nous avons organisé il y a deux jours, pour la première fois, les Journées de l’hospitalisation à domicile (HAD) à Marseille et les services HAD étaient présents. Le Var est un des territoires dans lequel la couverture n’est pas complète. Notre objectif est que fin , en tout point du Var, on puisse trouver une hospitalisation à domicile. C’est une bonne alternative.