Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Prison de Draguignan: un détenu et onze agents intoxiqués
L’homme, incarcéré en quartier disciplinaire, aurait mis le feu à son matelas. Un sinistre inédit dans cette prison récente, selon le délégué FO, qui a provoqué l’intoxication de plusieurs de ses collègues
En regardant à travers l’oeilleton, les agents pénitentiaires de la maison d’arrêt de Draguignan ne voyaient rien. Noir. Pensant que le détenu avait obstrué le judas, ils entrent, alertés aussi par les alarmes incendies et les appels du prisonnier. La porte s’ouvre, et par un appel d’air, une fumée sombre et dense sort de la cellule et se répand dans la coursive. «Ils ont tout pris dans la tête, ils ont tout avalé. » C’est Bernard L., délégué FO adjoint, présent dans l’établissement hier au moment des faits, qui raconte. Petit retour en arrière : vers 15 h 30, au moment de rentrer en cellule, un détenu refuse. Le conflit amène les fonctionnaires à prendre la décision de placer l’individu en quartier disciplinaire. Une fois dans la pièce, isolée et au mobilier basique, l’homme ferme la fenêtre et allume un feu pour exprimer son mécontentement.
Le détenu « très gravement intoxiqué »
« Dans ce genre de cellule, à part le matelas, il n’y a pas grand-chose à brûler », lâche Jean-Paul Caniaux, délégué FO de la maison d’arrêt. C’est donc vraisemblablement cela qui aurait provoqué cette épaisse fumée noire. Le bilan humain n’est pas mince: onze agents auraient été incommodés par les émanations. « Seuls six ont été transportés aux urgences pour une série de contrôles.» Deux à Fréjus, quatre à Draguignan. Quant au détenu, « très gravement intoxiqué », il a, lui aussi, été transporté en milieu hospitalier. Au sortir de l’intervention, alors qu’étaient sortis un à un une demidouzaine de camions de pompiers, le capitaine Nepper, responsable pour les hommes en rouge, ne disait pas autre chose : «La maison d’arrêt possède sa propre équipe d’intervention, nous avons surtout été appelés pour la prise en charge des personnes intoxiquées.» Cet événement, à l’ampleur « inédite» pour cet établissement récent (ouvert en début d’année), n’a suscité aucune réaction de la part de la direction. Sur place, personne n’a souhaité répondre à nos questions, et la directrice Claire Doucet, contactée au téléphone, tentait de minimiser : «C’est un événement qui arrive…»
« Ce n’est pas un petit événement »
Côté syndicat, autre son de cloche : « Un incendie, ce n’est pas un petit événement. Onze agents impactés, ce n’est pas un petit événement. » Gérard L. concède que rien n’aurait pu être fait pour éviter une telle situation : « Le détenu était déjà en quartier disciplinaire, il n’y a pas plus bas. Et s’il veut allumer un feu, rien ne lui est impossible…» Il ajoute néanmoins vouloir « rendre hommage aux collègues qui sont allés sauver le détenu ». Jean-Paul Caniaux abonde : «FO félicite les agents pour leur intervention réalisée dans les plus brefs délais pour sauver un détenu au péril de leur vie. »