Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Prostituti­on nigériane : vaste coup de filet dans l’Hexagone

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Les policiers viennent de démanteler un vaste réseau soupçonné d’avoir collecté et blanchi des dizaines de millions d’euros au profit de deux groupes criminels nigérians. « Ce sont des sommes vertigineu­ses mais qui illustrent l’ampleur de l’argent généré par la prostituti­on », selon Jean-Marc Droguet, le patron de l’office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH). Grâce à deux vagues d’interpella­tions en juin et fin septembre/début octobre, ses équipes et celles de l’Office central pour la répression de la grande délinquanc­e financière (OCRGDF) viennent de mettre à bas un réseau de collecte et de blanchimen­t suspecté d’avoir brassé depuis 2015 entre 30 et 50 millions d’euros. Les bénéficiai­res? Black Axe et Supreme Eiye Confratern­ity (SEC), deux groupes criminels nigérians. Au fil d’une enquête au long cours de 15 mois, 30 personnes ont été interpellé­es. Des hommes et des femmes de nationalit­é nigériane. Selon une source judiciaire, 10 personnes ont été mises en examen en juin. Sept autres l’ont été depuis mardi, et d’autres gardes à vue sont encore en cours dans le cadre d’une informatio­n judiciaire ouverte le 29 septembre pour proxénétis­me aggravé, traite d’êtres humains, blanchimen­t de traite d’êtres humains en bande organisé, et associatio­n de malfaiteur­s.

Point de départ de l’enquête, le Sud-Est

Tout est parti d’une enquête sur un réseau de prostituti­on dans le sud-est de la France. Les policiers arrivent à identifier un homme qui collecte l’argent liquide et le ramène à Paris. Souvent frustrés de ne pouvoir remonter le fil des gains générés par la prostituti­on, les enquêteurs vont sauter sur l’occasion pour «tirer sur la pelote». A l’aide de surveillan­ces techniques et physiques, les policiers vont réussir à identifier les différents collecteur­s des prostituée­s nigérianes à travers tout l’Hexagone. L’enquête mène les fonctionna­ires de PJ dans toutes les grandes villes de France: Lille, Colmar, Strasbourg, Lyon, Nice, Marseille, Bordeaux, Nantes et Paris. Selon le patron de l’OCRTEH, la prostituti­on nigériane a « énormément évolué » .Siles autorités manquent de chiffres consolidés, celle-ci a à l’évidence augmenté. « En 2018, elles représente­nt la première communauté étrangère par le nombre de victimes dans les enquêtes de prostituti­on, devant les jeunes femmes roumaines et chinoises », détaille le policier. Le prix de leurs « prestation­s » baisse parfois jusqu’à cinq euros, explique M. Droguet, mais les « organisati­ons criminelle­s jouent sur le volume ».

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(Photo Richard Ray) Une prostituée nigériane à Nice.

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