Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Elle nargue la maladie et lui porte un sacré coup
Diagnostiquée d’un cancer du sein il y a plus d’un an, Sandrine Russomanno – alias Zak – a décidé de faire de sa maladie une force. L’artiste raphaëloise se livre sur son quotidien, sans aucun tabou
Sa force de caractère se lit dans son regard et transparaît dans son attitude. Vive, pétillante, toujours souriante, Sandrine Russomanno doit pourtant aujourd’hui cohabiter avec un mal, qui mériterait d’être éradiqué à tout jamais : le cancer. «J’ai été diagnostiquée en mai 2017», confie la jeune femme, habituée à mener une vie à 100 à l’heure… « J’ai beaucoup travaillé en tant que chorégraphe à Paris, sourit-elle. J’y ai même ouvert la première agence de danseurs. Puis en m’installant ici, j’ai monté un cabaret burlesque itinérant. » Mais voilà, quelques mois avant ce satané verdict, Sandrine ne se sent plus vraiment dans son assiette. « J’étais souvent fatiguée. Je sentais la maladie en moi, avant même de pouvoir mettre des mots dessus.» Le regard droit devant, elle poursuit : « Quelque part, j’étais dans une forme de déni. J’avais peur de savoir. Mais lorsque j’ai su, j’ai finalement été soulagée. » Un sentiment qui, d’emblée, peut paraître incompréhensible. Et pourtant…
« Ok, je l’ai. Maintenant je sais »
« À ce moment-là, je me suis dit : ok, je l’ai. Maintenant je sais. » Elle esquisse un sourire franc. Sincère. «Après ça, c’est certain, je ne me plaindrai plus jamais ! » Mieux, Sandrine a cherché à faire de sa maladie une force. Et le résultat est surprenant à plus d’un titre… «Lorsque l’oncologue m’a annoncée que j’allais perdre mes cheveux, je lui ai dit: écoutez, j’ai toujours voulu les avoir en rose, alors c’est le moment ou jamais! Et je me suis amusée, avant de raser totalement mon crâne. » Elle sourit, encore : «Je n’ai pas tout de suite assumé ma “chauvitude”. Je n’osais pas sortir sans ma perruque ou mon bonnet. J’ai donc eu l’idée de la montrer autrement. » La veille de sa troisième chimio, Sandrine enfile des bottes, se pare de quelques accessoires farfelus, attrape sa caméra, son appareil photo et devient « Grace ». Elle éclate de rire. « J’étais persuadée que si j’étais une femme cosmique, du genre de celles qu’on trouve dans l’univers de Bowie et de Barbarella, je serais belle. Puis, comme je devais limiter mes déplacements ainsi que mes visites, je me suis souvent retrouvée seule avec moimême et ce besoin de continuer à me nourrir artistiquement.» C’est ainsi qu’en deux-trois clics, Sandrine crée son compte Facebook : « Je suis radioactive ». Un intitulé symbolique pour une jeune femme pleine de bon sens. « J’ai commencé à prendre des photos et des vidéos durant mes soins. L’objectif et la caméra m’obligent à un effort qui, finalement, m’apporte beaucoup. » Elle soupire : «Je ne voulais pas parler de cancer de façon formelle, mais plutôt aborder les choses à ma manière, avec un certain humour. »
« Fatiguée, je préfère courir que dormir »
Et ce, pour faire passer un message on ne peut plus sérieux… «Pour moi, souffle-t-elle, c’est comme si le cancer me faisait des recommandations et m’incitait à ne plus reproduire les mêmes erreurs de vie. Car il représente bien quelque chose qui a pourri, pour telles ou telles raisons. Parce que j’ai fumé, parce que je me suis mal alimentée, etc. Il m’apprend à ne pas recommencer. C’est ainsi que je le vis.» Dans une vie que Sandrine continue de croquer à pleines dents ! «Lorsque je suis trop fatiguée, on me dit : mais dors ! Sauf que moi, je préfère aller courir ! Même si j’y vais parfois à la ramasse, je l’avoue. Il m’arrive aussi de prendre des photos et des vidéos alors que je suis au fond de mon lit, éreintée. Mais qu’importe : tout ce que je montre est vrai ! » Y compris la force et le courage dont Sandrine fait preuve au quotidien… Et qui est aussi celui de nombreuses femmes à travers le monde !