Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
LA POLLUTION S’ÉTEND ET TOUCHE PORQUEROLLES
Au lendemain de l’arrivée massive des galettes de fioul dans le Golfe de Saint-Tropez, l’heure était hier à l’évaluation des dégâts et à la préparation du plan d’attaque
Une nouvelle vague de galettes d’hydrocarbures a touché les côtes varoises. Des petites boulettes de pétrole ont souillé la plus grande des îles d’Or. Les opérations de nettoyage débutent aujourd’hui.
Pollution, jour 2. Après le terrible constat fait sur les plages du Golfe ce lundi, l’heure était hier pour les communes à l’évaluation de l’ampleur de la catastrophe, tandis que côté de la préfecture, chargée de toute l’organisation du nettoyage depuis l’activitation du plan Polmar terre lundi aprèsmidi, la journée d’hier a été consacrée à tous les préparatifs, en moyens et en matériels (lire notre encadré ci-dessous). Pour la mairie de Ramatuelle, commune la plus durement touchée, huissier et experts ont passé au peigne fin tout le littoral.
Des produits toxiques
Sur l’ensemble des côtes touchées, les communes, sur ordre du préfet, avaient barré l’entrée des plages de rubalise rouge et blanc, avec même parfois des barrières : « Plage polluée, accès interdit ». Car le fuel qui est venu souiller le littoral serait toxique : « Ce que l’on va ramasser, ce sont des produits potentiellement dangereux » souligne le directeur des services techniques de Ramatuelle, Sébastien Crunet. Les consignes de la préfecture sont sans appel : il est interdit à la population de toucher aux galettes.
Attaquer le pollueur
La seule nouvelle positive, hier, était l’absence de vent qui a réduit le volume de nouvelles galettes arrivant sur les plages déjà impactées. En revanche, plusieurs zones jusque-là préservées ont à leur tour été frappées : d’abord la plage des Canoubiers à Saint-Tropez, puis l’île de Porquerolles en début d’après-midi, et enfin la plage des Marines de Cogolin. « Ce n’est peut-être qu’une simple accalmie. Nous ne sommes pas à l’abri d’un nouveau coup d’Est qui pourrait charrier des galettes supplémentaires » craint le garde du Conservatoire du littoral, Raymond Viala. Ce dernier assistait hier l’huissier maximois. Sa mission ? Faire un constat exhaustif de tout le littoral ramatuellois sur les seize kilomètres entre le cap Pinet et le cap Taillat. Faire appel à un huissier était l’une des premières préconisations de la préfecture aux communes, dans le cadre du plan Polmar. « Mon rôle est de rendre les faits de pollution incontestables. À partir de ce constat, l’État et les communes pourront se retourner contre le pollueur », commentait Me Banet. Des actions en justice que le Conservatoire du Littoral a l’intention d’engager lui aussi. « Les experts vont déterminer le coût de la dépollution qui s’annonce déjà colossal, explique Raymond Viala. S’il est décidé d’évacuer aussi les bois flottés, ça se comptera en tonnes. S’ajoute à cela le travail délicat sur les rochers. Aujourd’hui, 27 ans après la pollution provoquée par le pétrolier Haven ,onen voit encore les stigmates sur certains secteurs ». Dans cette même veine, les experts brestois du Cèdre, spécialisés en pollutions accidentelles des eaux, sont arrivés hier soir, pour mettre leur compétence au service des communes sinistrées.