Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le coup de colère de l’acteur Laurent Malet contre le ministre

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIANE GEORGES cgeorges@nicematin.fr

C’est sa plage qu’on a souillée, celle où il aimerait qu’on disperse ses cendres quand il ne sera plus. Depuis tout petit, l’acteur Laurent Malet compte ses plus beaux souvenirs sur le littoral ramatuello­is, de cap Lardier à Camarat. Tous les jours, il part de chez lui à l’Escalet pour rejoindre l’exceptionn­el site de la Quessine, une crique sauvage aux rochers rosés qui n’ont rien à envier aux Seychelles. Le spectacle désolant qu’offre depuis lundi cet endroit longtemps préservé, nappé d’énormes flaques de fuels le met en rage. Il pousse un coup de gueule contre les pouvoirs publics et interpelle le ministre de l’Intérieur, François de Rugy : « Je ne suis pas le seul à être en colère. C’est un sanctuaire qu’on a détruit. Après les incendies l’an dernier, la pollution aujourd’hui. C’est un massacre. Il va falloir dépenser des millions d’euros pour nettoyer et c’est encore nous qui serons les payeurs. Ce que je trouve suffocant, scandaleux, c’est que le ministre de l’écologie François de Rugy ait annoncé qu’il s’agissait d’une toute petite pollution. Finalement, c’est une masse énorme de fuel qui s’abat sur nos côtes. Il ne faut pas sortir de SaintCyr pour savoir que le vent d’Est fait des ravages et qu’il fallait être prudent. Au lieu de ça, on nous a dit que tout était sous contrôle. Pour moi, c’est dès la collision entre les navires au large de la Corse le 7 octobre, qu’il aurait fallu déclencher le plan Polmar. Qu’il y ait un suivi 24 heures sur 24, des interventi­ons d’urgence. On avait neuf jours pour anticiper, calculer les courants et les dérives, créer des barrages. Maintenant c’est trop tard, on ne fait que subir. C’est une tartufferi­e fantastiqu­e. C’est la même chose que dans l’Aude où la vigilance rouge n’a été lancée que le matin, quand il était trop tard. On marche sur la tête. Là, on a déjà crashé grave et je crains que les catastroph­es continuent à se succéder. Ce n’est pas pour les plages à succès que j’ai de la peine, c’est pour nos enfants. Quel héritage va-t-on leur laisser ? Qu’aurait dit Nicolas Hulot, le prédécesse­ur de M. De Rugy si c’était arrivé sur ses côtes de Dinard ? C’est toute la procédure d’alerte et d’anticipati­on qui a merdé de chez merdé. C’est comme dans le film « La Haine » on a dit : « Jusqu’ici, tout va bien ». On vit l’histoire d’une catastroph­e annoncée. »

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(Photo L.B.) Laurent Malet, littéralem­ent écoeuré devant les dégâts causés sur sa crique fétiche.

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